Vous avez sans doute remarqué que je n’ai pas trop le temps de regarder de séries. C’est pourquoi les mini-séries me vont bien, et j’ai pu voir l’intégrale des … 5 épisodes de Chernobyl. Que je recommande chaudement.

Pour les plus jeunes, qui n’ont pas vécu cet épisode, dans le nuit du 26 avril 1986 le réacteur n°4 de la centrale atomique de Chernobyl, en Ukraine à l’époque partie de la grande URSS, explose alors que les équipes sur place déroulent un test.
Deux ans plus tard, Valeri Legassov, directeur de l’institut Kourtchatov de l’énergie atomique se suicide en laissant un jeu de cassette où il a enregistré la vérité sur ce qu’il s’est passé cette nuit-là.
Mais revenons au 26 avril 1986. Les personnes en charge de la centrale commencent par nier l’ampleur de la catastrophe, prétendant avoir affaire à un simple incendie, que des pompiers de la ville voisine de Prypiat viennent tenter d’éteindre. Des lances à incendie contre une bombe atomique …

Des minutes précédant le drame au procès des responsables de la catastrophe, nous allons suivre au fil des cinq épisodes les efforts de Legassov et de Boris Chtcherbina, alors vice-président du conseil des ministres de Gorbatchev, pour essayer de limiter les dégâts et éviter l’apocalypse, souvent contre une hiérarchie intermédiaire qui se couvre, et malgré les efforts du KGB qui veut absolument étouffer l’affaire. Nous suivrons aussi les efforts des scientifiques soviétiques pour comprendre ce qu’il s’est passé, le calvaire de ceux qui ont vécu les premières heures de l’explosion, et le courage inouï de ceux qui ont permis de limiter au mieux les conséquences de l’explosion.
Une série passionnante.
Sur la forme, c’est très bien joué, le scénario parfait, digne des meilleurs polars permet à tous, dans le dernier épisode du procès, de comprendre ce qui est vraiment arrivé à Chernobyl. Et vous savez comme les anglo-saxons savent parfaitement mettre en scène, rythmer et filmer un procès. Les décors sont impressionnants, la reconstitution des lieux, à Chernobyl et à Moscou, des ambiances, des costumes est parfaite. On prend donc un plaisir immédiat, le plaisir de voir une histoire très bien racontée et très bien jouée. Attention quand même aux âmes sensibles, sans tomber dans le voyeurisme, sans faire du gore inutile et sensationnalisme la série montre ce qui arrive à ceux qui étaient tout près et qui ont pris les radiations de plein fouet.
Sur le fond, c’est extrêmement riche. Inutile d’énumérer tout ce qu’on peut apprendre de passionnant, toutes les émotions qui vont vous secouer. Sans jamais donner de leçon pénible, c’est très pédagogique et vous saurez comment marche un réacteur nucléaire, et pourquoi celui-là n’a pas marché.
Vous allez trembler en vous rendant compte combien on est passé, tous, très près, vraiment très près d’une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Vous allez vous rendre compte qu’il y a nombre de héros dont on ne connait pas le nom qui ont sauvé des millions de vies. A ce titre les scènes avec les mineurs qui vont venir travailler sur le site sont exceptionnelles.

Vous allez rager en voyant l’inertie des petits chefs, la saloperie des secrets d’état, la chape de plomb d’un régime et en même temps la chance qu’on a tous eu que cela tombe sous la présidence de Gorbatchev, et que Legassov et Chtcherbina soient aux manettes.
Si vous avez des gamins grands (grands ados au moins), regardez avec eux, vous pourrez ensuite en parler pendant des heures.
L’intégrale en DVD coûte environ 20 € si vous ne la trouvez pas en streaming, pour cinq heures passionnantes, c’est un bon prix.

PS. Sinon, oui, j’ai aussi attaqué sérieusement The Wire, Sur écoute en français, et oui c’est absolument génial, je vous en reparle quand je la termine.