La bête qui sommeille

La série noire publie quelques rééditions bienvenues. Dont La bête qui sommeille de Don Tracy.

Mallsbury Crossing petite ville de la côte est des US. Alors que le froid s’installe le vent empêche les pêcheurs de sortir. Jim Young, jeune noir, a gagné quelques dollars, il s’en sert pour acheter le tord-boyaux local, se saoule et complètement hors de lui assassine Kitty, une prostituée blanche.

Immédiatement une milice se forme pour capturer le coupable et le lyncher avant que les bonnes âmes des grandes villes viennent tenter de le tirer d’affaire.

En ces périodes troubles qui voient les racistes, fascistes, réacs et autres pointer le bout de leur nez un peu partout, voilà une lecture fort utile qui vaut bien un petit avertissement. Le roman n’est pas aimable. Il est froid et glaçant. L’auteur ne s’embarrasse pas de fioritures ou d’explications, il prend à peine le temps d’esquisser les contours des personnages qui sont là pour tenir un rôle social, pas forcément pour exister comme des êtres de chair et de sang. Il va droit au but.

Et ce but est la démonstration d’une brutalité totale de la violence et de l’horreur dont est capable une foule déchaînée. C’est effarant, confondant de haine et de bêtise crasse, et particulièrement convainquant dans la description des rouages qui mènent des individus certes un peu cons et très racistes mais en général inoffensifs à se transformer en bêtes écumantes. Convainquant également dans la description de la lâcheté de tous les soi-disant responsables des différents pouvoirs : presse, politique ou policier.

Certes le roman date, certes les choses ont évolué parce que les sociétés, à force de luttes, ont érigé des barrages. Mais ces temps-ci on sent bien que la bête n’est pas morte, qu’elle ne fait que sommeiller, et qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’elle se réveille. Alors on ne peut que remercier la série noire pour cette réédition.

Don Tracy / La bête qui sommeille, (How sleeps the beast, 1951), Série Noire (2024) traduit de l’anglais (USA) par Marcel Duhamel et Jacques-Laurent Bost révisée par Michael Belano.

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