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Vieux kapiten

Troisième roman de Danü Danquigny à la série noire, où l’on retrouve la Bretagne et l’Albanie : Vieux Kapiten.

Desmund Sasse, dit Peter Punk enquête avec la légèreté qui le caractérise sur le meurtre d’un gamin à Morclose (à savoir Rennes). De son côté Elise Archambault, ex flic et vraie privée recherche le fils d’un avocat véreux. Et pour finir, en Albanie un vieil officier pas très fier de son rôle durant la dictature a décidé de se racheter en faisant tout pour faire tomber les caïds locaux des réseaux de drogue.

Et devinez quoi, les trois affaires vont finir par se croiser, et même se résoudre plus ou moins ensemble.

Je n’aurais pas parié que Danü Danquigny arriverait à faire se rencontrer les univers de Les aigles endormis et de Peter Punk au pays des merveilles. Et pourtant, aussi improbable que cela puisse paraitre, il y arrive, et de fort belle manière.

Des personnages qui tiennent la route, une bonne intrigue. L’occasion de dépeindre deux univers qui ont en commun la corruption des élites, qu’elles soient financières ou politiques, deux univers par ailleurs très différents mais que l’auteur aime, de toute évidence, malgré leurs défauts. Tout cela ficelé dans un polar hardboiled dans la plus belle tradition, avec un personnage insubmersible malgré les coups qu’il encaisse. Que demander de plus ?

Danü Danquigny / Vieux Kapiten, Série Noire (2024).

Rabbit Hole

Petit tour au Cap avec Rabbit Hole de Mike Nicol.

Amalfi Civil, une grosse entreprise de BTP. A sa tête Angela, veuve depuis peu, son bras droit est son frère Rej qui aimerait bien prendre les rênes de la société. C’est pourquoi de son côté il est en train de monter un énorme projet avec des américains derrière lesquels se cache la CIA, un membre du gouvernement pas tout à fait honnête, et une banque d’investissement. Autour de ce projet, les différentes branches de la police et des services secrets grenouillent.

Et au milieu de ce marigot vont se retrouver deux connaissances : Fish Pescado, détective privé surfeur et son amante, Vicki Khan, avocate, ex espionne. Or espionne un jour, espionne toujours quoi qu’elle promette à son beau surfeur …

Du bon boulot. L’intérêt ne faiblit pas tout au long des 500 pages ce qui n’est pas toujours évident. Sans multiplier les coups de théâtres ou faire du sensationnel à tout prix Mike Nicol garde un rythme vif et une tension croissante. Parce qu’il sait construire des personnages, que ce soient les héros ou les personnages secondaires, voire les personnages de l’ombre. Parce qu’ils sont tous cohérents et humains. Les salauds sont réussis mais pas caricaturaux (condition essentielle d’après maître Alfred), et on s’attache aux autres.

L’écriture est vive, les dialogues bons, et l’auteur arrive à bien rendre son amour pour la ville du Cap sans en cacher les côtés sombres. Certes il n’est pas toujours évident de saisir les intentions des différents services qui se font la guerre, mais un peu comme avec le MacGuffin, toujours de tonton Alfred, on s’en fiche du moment que l’on comprend les motivations des différents personnages.

Une lecture très agréable dans la belle ville du Cap qui fait un peu penser aux polars « surfeurs » de Don Winslow.

Mike Nicol / Rabbit Hole, (The rabbit hole, 2021), Série Noire (2024) traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Jean Esch.

il s’appelait Doll

Il s’appelait Doll de Jonathan Ames est un des polars en vue sur le web. Le plaisir de retrouver un plaisir à l’ancienne ?

Hank Doll a été flic, il est maintenant détective privé à Los Angeles. Mais ce qui le fait vivre c’est d’assurer la sécurité d’un salon de massage le soir quand il se convertit en lieu de prostitution. Une vie peu enthousiasmante, mais tranquille. Tout bascule dans la folie quand un matin son ami Lou Shelton, ancien flic qui lui a sauvé la vie en début de carrière vient lui demander s’il accepterait de lui donner un rein. Le même jour il est obligé d’abattre un client qui tente de tuer une fille au salon de massage. Et c’est parti pour quelques jours où les catastrophes vont s’enchainer.

J’avoue que je suis un peu surpris de l’enthousiasme unanime que j’ai vu dans les journaux et dans les blogs au sujet de ce roman. Pour ma part, j’ai passé un bon moment de lecture, ni plus ni moins.

Oui, comme je l’ai lu, c’est un hommage aux grands anciens, avec un privé hardboiled à la fois semblable à ses prédécesseurs (agissant hors des limites de la loi, qui encaisse beaucoup de coups, qui picole et se drogue), et avec son originalité (il a ses fragilités, va chez une psy et n’est pas un tombeur de ces dames). L’auteur va jusqu’à reproduire certaines intrigues qui brillent plus par le nombre de rebondissements que par leur crédibilité.

Je reconnais que c’est rythmé et qu’on ne s’ennuie pas. Mais pour moi cela en reste là. Je n’ai pas eu l’impression d’en apprendre sur notre temps, sur la vie actuelle à Los Angeles. Et le petit côté exercice de style m’a empêché de m’attacher au personnage principal, et donc de trembler pour lui, ou de me réjouir avec lui. Donc une lecture agréable mais que je risque d’oublier assez vite.

Jonathan Ames / Il s’appelait Doll, (A man named Doll, 2021), Joëlle Losfeld (2024) traduit de l’anglais (USA) par Lazare Bitoun.

La patience de l’immortelle

Et le dernier Michèle Pedinielli en retard, La patience de l’immortelle.

Dur moment pour Diou. Letizia Paoli, la nièce de son ex Joseph Santucci, une jeune femme qu’elle a faite sauter sur ses genoux quand elle était petite vient d’être assassinée. Jo lui demande d’aller en Corse doubler l’enquête que mène la police sur place. Impossible de refuser. Diou doit alors retourner sur l’ile de son enfance, et de ses souvenirs avec son ex.

Letizia était journaliste à France 3, et tenait un blog plus ou moins anonyme où elle traitait les sujets dont elle ne pouvait pas parler à l’antenne. C’est tout naturellement vers ceux qu’elle aurait pu déranger que Diou dirige son enquête.

Au plaisir de retrouver Diou s’ajoute ici celui de la découverte de sa Corse. Enquête, dialogues qui claquent, et de magnifiques descriptions toutes en vert en bleu de paysages corses l’hiver, quand les touristes ne sont pas là et que la végétation resplendit. Si belles qu’elles convaincraient presque le fanatique de l’Atlantique que je suis d’aller faire un tour en Méditerranée.

Ajoutez magouilles, destruction de la nature par appât du gain, tripatouillages politiques, les grands classiques des bords de côte ici à la sauce corse. Une réussite comme tous les livres de la série. Maintenant que je suis à jour, vivement le prochain.

Michèle Pedinielli / La patience de l’immortelle, L’aube/Mikros Noir (2023).

Après les chiens

Je continue à rattraper mon retard avec la deuxième apparition de Diou, Après les chiens de Michèle Pedinielli.

Diou attire vraiment les emmerdes. Elle est juste allée courir quand elle tombe sur le cadavre d’un jeune homme noir qui de doute évidence a été tabassé à mort. Il s’avère rapidement qu’il s’agit d’un migrant d’Erythrée. A priori, ce n’est pas ses oignons mais ceux de la police. Mais vous la connaissez, elle va avoir du mal à ne pas y mettre son nez.

En parallèle elle doit enquêter sur la disparition d’une grande ado, tout juste 18 ans, qui vient de fuguer de chez elle. Et s’occuper d’un chien malade. Et bien entendu, tout ça va se recouper au gré d’une enquête à Nice et dans les environs.

Le feu et la glace. Cela fait deux fois que je lis un roman de Michèle Pedinielli après un roman de Dror Mishani, et c’est de nouveau la même impression. Après un univers gris et un enquêteur plutôt mélancolique c’est le bleu du ciel et de la mer et l’explosivité de Diou.

Personnages hauts en couleur, éblouissement de la mer et du soleil, dialogues qui claquent et références littéraires (ici Camilleri), musicales et cinématographiques qui me parlent. C’est de nouveau sourire aux lèvres que j’ai lu ce second roman de la niçoise.

Et pourtant le fond n’est pas vraiment drôle. Il s’agit ici de l’accueil (si on peut parler d’accueil) scandaleux que la France en général et la région de Nice en particulier réserve aux migrants. Montée de l’extrême droite, discours nauséabonds en accord avec une politique à vomir. Heureusement il reste des gens humains et chaleureux, qui n’hésitent pas à se mettre hors la loi pour aider ceux qui se perdent dans la montagne. Diou se fait porte-parole de l’autrice, et rend hommage à ceux qui ont gardé leur humanité, et à ceux qui prennent des risques du côté de la vallée de la Roya, comme leurs parents et grands-parents en avaient pris pendant la deuxième guerre mondiale.

Certains rappels font du bien, et quand ils sont faits avec cette énergie et ce talent ils deviennent indispensables.

Michèle Pedinielli / Après les chiens, L’aube/Mikros Noir (2023).

Boccanera

Comme annoncé, Boccanera de Michèle Pedinielli.

Voici donc, si j’ai bien lu, l’acte de naissance de Ghjulia Boccanera (prononcez Dioulia si vous voulez éviter les ennuis), la cinquantaine, détective privée à Nice. Elle est contactée par Dorian Lassalle, beau jeune homme, pour enquêter sur la mort de son partenaire, Mauro Giannini, ingénieur dans une grosse boite de BTP, avec qui il devait partir s’installer à New-York.

La police qui n’est pas dépourvue de préjugés homophobes, privilégie la piste d’un coup d’un soir qui a mal tourné, mais Dorian sait qu’il ne s’agit pas de ça. Touchée par la douleur du jeune homme Diou accepte l’affaire sans se douter qu’autour d’elle les cadavres vont commencer à s’accumuler.

Là aussi excellent point de départ d’une série prometteuse. Tout ce qu’on aime dans un bon polar : Une héroïne immédiatement attachante, des personnages secondaires hauts en couleur qui vont devenir sa vraie famille (et un peu la nôtre), du punch, des dialogues qui claquent, des références qui nous parlent. Une très belle description de la ville de Nice, ses multiples beautés mais également ses magouilles et ses pourris, et une intrigue qui tient la route.

Bref, tous les ingrédients sont réunis, l’entrée est parfaitement réussie, on lit sourire aux lèvres, et joie, il me reste deux volumes à lire pour compléter une série à côté de laquelle j’étais passé.

Michèle Pedinielli / Boccanera, L’aube/Mikros Noir (2021).

Eclipse totale

On n’y croyait plus tant on l’avait laissé au fond du trou à la fin du dernier roman le mettant en scène, mais Harry Hole de Jo Nesbø est de retour dans Eclipse totale.

Harry Hole a fui, il vit à los Angeles où il se tue lentement mais surement à coup d’alcool bon marché. C’est dans le bar où il se détruit méthodiquement tous les matins qu’il fait connaissance d’une vieille actrice qui doit une lourde somme à des gens sans scrupules. Et c’est en l’aidant qu’il hérite avec elle d’une dette de près d’un million de dollars.

C’est à cause de cette dette qu’il accepte la proposition d’un avocat qu’il connait à Oslo pour aider une pourriture richissime, Markus Røed, à se sortir d’affaire : Deux jeunes femmes ont disparu, et l’une a été trouvée morte. Or les deux connaissaient Markus Røed et avaient participé à une de ses soirées juste avant de disparaitre. Harry a dix jours pour rembourser la dette, et donc pour trouver le meurtrier.

Je ne sais comment qualifier cette lecture. Mitigée serait trop dur, mais il y a quand même des choses qui me dérangent.

En premier lieu, et c’est un avis totalement subjectif, je trouve la couverture immonde. Si ce n’avait pas été un Jo Nesbø, je n’aurais même pas envisagé un instant d’acheter le bouquin.

Ensuite, et j’en ai discuté avec un ami qui commençait lui aussi la lecture ce weekend, l’auteur a toujours cette faculté d’accrocher le lecteur dès la première page. On attaque en se demandant s’il a perdu la main, comment il va faire revenir Harry qui était quand même assez déglingué à la fin du précédent, et moins d’une minute plus tard on est happé. Et on est enchanté de retrouver Harry et sa bande, tout aussi déglinguée que lui.

Et là, au milieu, un coup de mou, je trouve pour la première fois qu’il en fait trop dans l’horreur et le gore. J’ai commencé à me demander s’il n’allait pas définitivement virer grand guignol. Puis on approche du final, et là c’est du grand art. Construction super maligne, il joue avec le lecteur, jongle avec les scènes et les personnages en instaurant un suspense qui fait qu’on lit les 50 dernières pages en apnée, quel que soit son état de fatigue. Au final, tout ce qui semblait un peu tiré par les cheveux par moment s’explique parfaitement.

Donc oui c’est une lecture prenante, avec quand même un peu trop de surenchère à mon goût. A vous de vous faire une idée.

Jo Nesbø /Eclipse totale, (Blodmåne, 2022), Série Noire (2023) traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier.

Sans collier

Cela faisait un moment que je voulais lire Michèle Pedinielli, et puis, noyé sous les romans en retard, je ne le faisais jamais. Jusqu’à ces jours-ci où j’ai enfin ouvert Sans collier. Convaincu, j’en lirai d’autres.

Ghjulia Boccanera est détective privée à Nice. Elle ne roule pas sur l’or, et ce n’est pas en aidant son pote Shérif, de l’inspection du travail, à découvrir ce qu’il est réellement arrivé à trois ouvriers qui bossent sur un chantier pharaonique qu’elle va faire fortune. Comment cela est-il relié à un groupe de jeunes gens, les sans collier, pris dans la tourmente des années de plombs à Bologne ? et pourquoi reçoit-elle, avec son colocataire, des menaces de mort ? Il faudra lire jusqu’au bout pour l’apprendre.

Pourquoi un auteur et/ou un personnage nous touche-t-il tout de suite ? Il peut y avoir de très nombreuses raisons, certaines mystérieuses, d’autres évidentes. Ici certaines sont évidentes.

Avec Ghjulia et sa créatrice il est évident que je partage des valeurs, des raisons d’enrager, et des références cinématographiques et littéraires, a minima. Quelqu’un qui cite Mon nom est personne et Christopher Moore me parle immédiatement. Ajoutez un style enlevé, drôle même dans son indignation, avec des dialogues qui fonctionnent parfaitement, et vous avez un plaisir de lecture immédiat.

Cela pourrait n’être qu’un exercice de style, mais non, il y a aussi du fond et de l’émotion. Avec l’évocation des années de plomb, qui résonne, effet du hasard, avec l’excellente série Eterna notte que je suis en train de regarder sur Arte sur l’enlèvement d’Aldo Moro. Avec la description de la ville de Nice aujourd’hui, et celle de la situation des ouvriers, plus ou moins déclarés, exploités sur les grands chantiers (et oui il n’y a pas qu’au Qatar qu’on exploite les sous-traitants).

Bref, rendez-vous réussi avec Ghjulia, je suis sous le charme et je profiterai de la venue de Michèle Pedinielli à Toulouse lors du prochain festival TPS pour acheter les autres.

Michèle Pedinielli / Sans collier, L’aube noire (2023).

Hollywood s’en va en guerre

Encore un auteur que j’avais raté jusqu’à aujourd’hui et que je découvre avec son dernier roman publié. Hollywood s’en va en guerre d’Olivier Barde-Cabuçon.

Hollywood, septembre 1941. Vicky Mallone a voulu être actrice, elle s’est faite une raison et est devenue détective privée. Une privée qui picole, qui préfère les femmes, et qui travaille essentiellement pour des femmes. Cette fois on vient la voir pour un contrat assez particulier : Lala, l’immense star de la Metro s’est engagée dans un film qui va faire date. Un film qui pourrait inciter les US à entrer en guerre. Des photos lui ont été volées qui pourraient compromettre la réalisation et le lancement du film.

Vicky va se retrouver en pleine guerre entre une ligue d’extrême droite plutôt sympathisante du régime nazi qui ne veut pas que les US interviennent, des églises protestantes influentes, et des services secrets qui, comme toujours, ne jouent pas très franc.

Une très belle découverte pour moi, je me suis régalé. De toute évidence, l’auteur connait son sujet, et adore cette période hollywoodienne. On croise Bette Davis, Erroll Flynn, la grande Rita … Et tout cela est très bien fait, sans chercher à placer des noms, naturellement. Un plaisir. L’époque et les luttes politiques, l’ambiance des studios, la difficulté d’être différente, tout cela est documenté et très bien décrit.

Mais ce n’est qu’un ingrédient et on peut faire un très mauvais roman avec de bonnes connaissances historiques. Sauf qu’ici c’est un très bon roman. Avec une intrigue parfaitement menée, et le personnage de Vicky Mallone, à la fois très fidèle au cliché du privé hardboiled, et originale et différente. Un très beau personnage que l’on espère revoir un de ces jours.

Olivier Barde-Cabuçon / Hollywood s’en va en guerre, Série Noire (2023).

Une étude en noir

On entre en léthargie avant les sorties de janvier. L’occasion de ressortir un recueil du maître John Harvey qui trainait depuis des lustres sur ma table de nuit : Une étude en noir.

On va découvrir Jack Kiley, ancien footballeur professionnel éphémère, ancien flic dans la police londonienne, devenu privé qui vivote avec une petite affaire de temps en temps. On va retrouver Franck Elder au moment où il quitte Londres, encore avec sa femme et sa fille. Et on va retrouver Charles Resnick à Nottingham, à différents moments de sa vie, souvent avec Lynn, toujours avec ses chats.

On va suivre quelques musiciens de jazz anglais pris dans la tourmente de l’héroïne. On va croiser des destins brisés, des amitiés dévastées par l’appât du gain, des gamines massacrées, un ancien d’Irak au bord du gouffre.

Et puis il y a la musique, un peu toutes les musiques, mais surtout le jazz, avec la voix bouleversante de Billie, les accords piquants de Monk, la virtuosité de Art, Bird et Dizzie.

Tout ce qu’on aime dans les romans de John Harvey se retrouve ici, concentré dans ces nouvelles. Son regard lucide sur la société anglaise, son empathie, son humanité dont ses personnages sont les porte-parole, son amour de la musique et des clubs de foot qui ne gagnent jamais, ou presque. Et l’apparente simplicité d’une écriture qui ressemble tant à la voix d’un ami en train de vous raconter une histoire.

A ne pas rater pour les fans du maître du procédural britanique.

John Harvey / Une étude en noir, (2010), Rivages/Noir (2018) traduit de l’anglais par Karine Lalechère et Jean-Paul Gratias.