La stratégie du lézard

Le commissaire Soneri n’a pas le moral dans La stratégie du lézard de Valerio Varesi.

C’est peu de dire que notre ami Soneri est paumé. C’est l’hiver, le brouillard est tombé sur Parme, et le très télégénique maire de la ville est allé en montagne, accompagner des écoliers au ski alors même qu’un certain nombre de ses conseiller municipaux sont accusés de corruption. Dans le même temps Angela l’envoie voir une vieille amie qui entend sonner un téléphone quelque part dehors dans le noir. Ajoutez un chien perdu agressif et un vieux qui disparait d’une maison de retraite. C’est tout ? Non ce n’est que le début.

S’il commence le roman perdu, Soneri va le terminer enragé, écœuré, désespéré. Dans ce roman, plus encore que d’habitude, Soneri et ses collègues vont se heurter à l’impossibilité d’arrêter ceux qui se trouvent aux commandes du crime. Hauts politiques, grands industriels, responsables des différents groupes du crime organisé en Italie (ici la camorra qui investit massivement dans le nord de l’Italie).

 « Dans un monde tel que le nôtre, la moitié des individus devrait être en prison. Au minimum, pour connivence. La délinquance est aux manettes. La grande, comme les banques et la finance, a imposé ses lois pour continuer d’agir sans que nous la gênions le moins du monde. Et le menu fretin doit supporter nos mises en scène pour donner l’impression aux gens qu’une justice existe. »

Et ce qui le désespère encore plus c’est que tout cela se déroule dans la plus grande indifférence : « Les prédateurs de la finance font la même chose : des saloperies en douce, et à la fin de l’année, un beau gala de bienfaisance martelé par tous les media pour assommer les gens. Nouvelle manière d’asservir le troupeau. »

Alors Soneri déambule la nuit, parle avec un faussaire qui peint de faux tableaux pour les nouveaux riches qui veulent épater leurs amis aussi vulgaires et incultes qu’eux, se console auprès d’Angela et passe beaucoup de temps dans son restaurant préféré. Dans le brouillard dans lequel il se débat c’est tout ce qui lui reste.

Ca et partager son blues avec ses lecteurs.

Valerio Varesi / La stratégie du lézard, (Il commissario Soneri e la strategia della lucertola, 2018), Agullo (2024) traduit de l’italien par Florence Rigollet.

8 réflexions au sujet de « La stratégie du lézard »

  1. Trane69

    Varesi et Soneri, je n’arrive pas à les dissocier sont devenus au fil des années mes italiens préférés.

    j’aime, les déambulations dans Parme, les restos, Angela, et les idées défendues par Varesi.

    Donc, j’ai déjà le livre, et pour faire durer le plaisir, j’attends qq jours de vacances pour le déguster

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  2. Trane69

    je suis d’accord. J’attendais toujours avec impatience Manzini et De Giovanni.

    quelle débâcle .

    il va falloir se mettre à l’italien !!

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    1. actudunoir Auteur de l’article

      Une vraie débacle. Et quand on voit à côté les bouses qui sont traduites, on se dit que les lecteurs français sont incompréhensibles.

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  3. monnet lanfranchi

    comme un mauvais jeu de mot Soneri nous laisse sonné !! nous reste l’amertume, au mieux il

    laisse notre âme dans le brouillard qui noie Parme. Tout est gris, sans contours, sans espoir !

    on attend toujours avec impatience le soleil de Naples avec notre frère et ami le commissaire Ricciardi qui nous remontera le morale.

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  4. Ortiz

    C’est tellement vrai ce qu il décrit.

    J’ignorais qu’il avait été traduit.Merci pour cette précieuse info.

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