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A balles réelles

Un polar nicaraguayen annoncé chez Métailié. A balles réelles de Sergio Ramírez, qui m’a laissé perplexe.

Dolores Morales, ex flic, détective privé, expulsé au Honduras revient en fraude avec son compère Rambo parce que son amie la plus chère se bat contre un cancer. Il devra se cacher de Tongolele, le flic de l’ombre qui l’a dans le collimateur. Pour comble de malchance, il arrive au moment où les étudiants se révoltent contre les conneries ésotériques de la première dame, entre autres absurdité et horreurs du régime. Pourtant bien entouré, il ne pourra pas grand-chose contre la répression violente qui va s’abattre sur eux.

Il me semblait avoir déjà lu un polar de cet auteur, j’ai vérifié, j’avais effectivement lu le premier de la série Il pleut sur Managua, un polar intéressant sans être non plus exceptionnel. Cette fois, je suis complètement passé à côté.

Pour commencer, même s’il y a des dizaines, voire des centaines de morts, ce n’est pas un polar. Morales ne mène aucune enquête, il se contente de rester planqué. Mais surtout, j’ai du mal à comprendre le fil narratif. Ca part dans tous les sens. Je suppose que la finalité est de raconter la répression sanglante du mouvement étudiant, mais dans le chaos des chapitres ce n’est qu’une partie du roman. On navigue entre les délires ésotérico pouet pouet d’une première dame que l’on ne voit jamais, les magouilles d’un certain nombre de flics de l’ombre et les réflexions de Morales et ses amis (y compris un revenant) planqués chez un curé de choc. C’est complètement barré.

Le problème quand on écrit un roman aussi échevelé, c’est que c’est très difficile de garder une cohérence et un fil conducteur, et d’éviter de donner l’impression d’un grand n’importe quoi. Et de mon point de vue ici c’est raté. Comme j’ai vu sur la quatrième que l’auteur avait gagné de nombreux prix, je me dis que peut-être c’est moi qui suis hermétique à sa prose. Ce qui est certain c’est que je suis vraiment et complètement passé à côté.

Sergio Ramírez /A balles réelles, (Tongolele no sabía bailar, 2021), Métailié (2023) traduit de l’espagnol (Nicaragua) par Anne Proenza.

Deux déceptions au cinéma

Deux déceptions avec des films français ces derniers jours.

La première était un peu annoncée. Un coup de maître, de Rémi Bezançon est le remake, très fidèle dans le scénario de Mi obra maestra, film argentin de Gaston Duprat.

L’histoire : un peintre misanthrope qui a eu son heure de gloire tombe peu à peu dans l’oubli et la misère, et la seule branche à laquelle il peut se raccrocher est son galeriste et ami le plus fidèle. Mais comme il sabote toute tentative de revenir en grâce, même cette branche pourrait casser.

Mon problème avec la version française n’est pas que de sa faute : je connaissais toute les péripéties, le scénario étant très proche de celui de l’original, donc aucune surprise. Malheureusement il reste très proche tout en étant un peu plus sage, et même un peu plus moralisateur.

Mais surtout, après la VO portée par deux monstres qui nous ont tous fait éclater de rire grâce à des dialogues éblouissants, le remake est sage, beaucoup de trop sage, il lui manque la hargne, la verdeur dans l’invective, qui, peut-être, n’est pas traduisible tant l’espagnol d’Argentine est riche dans ce domaine. Je serais d’ailleurs curieux de savoir comment ce film (le premier) a été perçu par des spectateurs qui ne comprendraient pas la VO. Bref, pas mauvais, mais fade par rapport à l’original.

La deuxième était moins prévisible, c’est la palme d’or, Anatomie d’une chute de Justine Triet. Là j’avoue qu’étant allé voir les critiques je ne comprends plus rien, tant elles sont louangeuses, et tant je me suis ennuyé. Et ce pour plusieurs raisons, certaines personnelles (histoire de goût), d’autres plus objectives.

L’histoire : Un couple d’écrivains avec un gamin mal voyant d’une dizaine d’année vit dans un chalet pas loin de Grenoble. Un jour en rentrant d’une promenade le fils trouve le cadavre de son père dehors. Deux hypothèses : soit il s’est suicidé, soit comme le soupçonnent les gendarmes sa femme l’a tué. Le procès le dira.

Je reconnais, c’est bien joué, et en particulier le gamin est très bon. Voilà.

Premièrement, question de goût : ça raconte l’affrontement de deux egos, d’écrivains qui écrivent sur leur nombril. Ça ne m’intéresse pas, je conçois qu’on puisse aimer ce genre de film, mais moi ça m’ennuie.

Ensuite objectivement, la musique est atroce. Je sais c’est voulu, pour montrer une guerre des nerfs, mais c’est long, répété en boucle (tout le début). Ensuite on a droit au gamin qui joue du piano et se trompe tout le temps au même endroit. Insupportable. Je suppose que c’est voulu, mais c’est quand même pénible. L’image est laide. Au mieux moyenne, parfois carrément moche comme certains gros plans très laids. C’est sans doute voulu aussi, ça reste laid. Quel intérêt de payer une place de cinéma, pour se faire casser les oreilles par une musique atroce et voir une image laide ?

Maintenant, attention, je vais spoiler, donc si vous voulez quand même aller le voir arrêtez là.

Il devrait y avoir un doute ou un suspense : a-t-elle tué son mari ou s’est-il suicidé ? Or dès la scène pivot de la dispute il est évident que c’est un suicide tant elle n’a aucune, mais aucune raison de tuer son mari. Donc sur un film qui traine déjà en longueur, tout suspense est totalement tué pour un bon dernier tiers. Et le pire c’est que c’est le gamin de 10 ans qui doit faire remarquer cette évidence à tous les adultes du procès.

Ensuite il y a un avocat général grotesque, dans l’outrance permanente. Comme me disait ma fille on dirait elle et son frère quand ils font assaut de mauvaise foi en se disputant. Ses arguments (comme lire des extraits de ses romans pour l’accuser) sont ridicules.

Le comble du grotesque est sans doute atteint par le témoignage du psy du mari, qui révèle tout ce qu’ils se sont dit, et prend sa défense comme si c’était son meilleur copain. Pas crédible une minute.

Bref le scénario ne tient pas la route, le film est long et laid et la musique atroce.

La veille on avait revu, au cinéma Thelma et Louise. Là il y a de l’énergie, quelque chose à dire, des images somptueuses, une musique incroyable et du culot à revendre (je ne parle même pas de l’interprétation).

Quand je pense que ce téléfilm moyen a ravi la critique et a eu la palme d’or, comme Apocalypse Now, Parasite, La leçon de piano, Rome ville ouverte, Le troisième homme, Orfeo Negro, Le guépard, La dolce vita, La ballade de Narayama, Missing, Barton Fink, Le pianiste, Moi, Daniel Blake etc … J’arrête je me fais du mal.

Des meurtres qui font du bien

Je n’aurais jamais lu Des meurtres qui font du bien de l’allemand Karsten Dusse si ce n’avait pas été un cadeau. Est-ce que je serais passé à côté de quelque chose ? Je ne pense pas.

Björn, le narrateur, est un avocat surmené. Il travaille, fort efficacement, pour une véritable ordure psychopathe, s’engueule avec sa femme Katarina, ne voit jamais sa fille de 2 ans et demi. Jusqu’à ce que Katarina lui pose un ultimatum : Soit il va voir un coach pour faire de la méditation de pleine conscience, soit il ne les voit plus, ni elle ni sa fille.

Quand il se rend, à contre cœur, à son premier rendez-vous, Björn ne peut pas imaginer combien sa vie est sur le point de changer.

L’idée de départ n’est pas mauvaise, la description de certains travers de nos sociétés est plutôt réussie, avec entre autres un portrait au vitriol de quelques bons donneurs de leçons qui ne se rendent même pas compte de leurs contradictions et de leur ridicule.

Mais, car il y a un mais, ça devient lourdingue. Passé le fait que l’intrigue n’est pas crédible une minute (mais ce n’est pas forcément gênant si on se laisse prendre au jeu), on devrait se rabattre sur l’humour. L’auteur appuie sur le comique de répétition avec sa permanente référence à un supposé livre de développement personnel. L’ennui avec le comique de répétition, est qu’il est sur la corde raide avec le risque de tomber dans la lourdeur et la répétition sans le comique. Et de mon point de vue très subjectif l’auteur est tombé assez lourdement.

Le deuxième souci est le manque total d’empathie pour qui que ce soit dans le livre. A part le narrateur et sa fille, tous les autres personnages sont traités avec une misanthropie et un manque de distance qui finissent par donner l’impression que l’auteur règle ses comptes avec tous ceux qui l’emmerdent au quotidien, y compris son épouse, s’il en a une. Et cela finit par être complaisant et déplaisant.

Bref, malgré les bons avis que j’ai pu lire ici et là, pas convaincu.

Karsten Dusse / Des meurtres qui font du bien, (Achtsam morden, 2019), Le cherche midi (2022) traduit de l’allemand par Jenny Bussek.

Riley tente l’impossible

Je savais que j’avais essayé un Dexter il y a longtemps et trouvé ça lourdingue. Mais j’ai tenté Riley tente l’impossible du même Jeff Lindsay. Raté.

Riley Wolfe est le meilleur voleur du monde. Rien ne lui résiste. C’est aussi un psychopathe qui tue comme il respire, quand c’est nécessaire mais sans plaisir. Et Riley Wolfe s’ennuie. Alors il va tenter le coup impossible : voler le plus gros diamant du monde, propriété de la couronne iranienne, lors d’une exposition archi sécurisée à Manhattan.

Dans ses chroniques de haine ordinaire, l’immense Pierre Desproges, acculé par la faim est réduit à l’impensable :

« Le placard aux victuailles exhibait un bocal de graisse d’oie, deux boîtes de Ronron et une de corned-beef. […] Un voisin pauvre mais compatissant me fit le prêt d’une demi-baguette de pain mou et d’un litron sobrement capsulé dont l’étiquette, en gothiques lamentables, chantait avec outrecuidance les vertus du gros rouge ci-inclus. […]

Or donc, la rage au cœur et la faim au ventre, je me retrouvai seul à la minuit dans ma cuisine avec ce pain flasque, le litron violacé et la boîte de corned-beef que je venais de gagner à pile ou face avec le chat, le sort souvent ingrat m’ôtant le Ronron de la bouche au bénéfice de ce connard griffu.

Or, à mon grand étonnement, j’y pris quelque plaisir, et même pire, j’en jouis pleinement jusqu’à atteindre la torpeur béate des fins de soupers grandioses, et m’endormis en toute sérénité. »

Tout ça pour quoi ? Pour tenter de comprendre pourquoi je suis allé au bout de ce roman à l’humour lourd et insistant, aux personnages absolument pas crédibles et aux rebondissements qui font lever un ou deux sourcils au lecteur le plus indulgent.

Bon j’avoue, j’ai sauté quelques lignes mais j’étais curieux de savoir jusqu’où l’auteur pouvait aller. J’ai déjà du mal à lire des histoires de voleurs à Manhattan, tant pour moi il y a un et une seul voleur digne d’intérêt dans cette ville. Là en plus c’est écrit avec de gros sabots. Donc à part si vous avez une envie soudaine de gros pif et de pâté rose en boite, je vous le déconseille.

Jeff Lindsay / Riley tente l’impossible, (Just watch me, 2019), Série Noire (1998) traduit de l’anglais (USA) par Julie Sibony.

Reine rouge

Je ne suis pas fan de thrillers, vous le savez, mais un thriller espagnol, je tente. Reine Rouge, de Juan Gómez Jurado. Encore raté.

Antonia Scott est un petit génie. Elle travaille pour une sorte de police parallèle européenne, plus précisément pour le compte de l’Espagne. Mais depuis un événement traumatisant, elle s’est isolée, et n’a quasiment plus aucun contact avec le monde. Jusqu’à ce que Mentor arrivé à la faire sortir de sa tour, grâce à Jon Gutierrez, policier basque, force de la nature.

Tous les deux vont traquer un tueur qui a l’air de s’en prendre aux familles les plus fortunées du pays. Il enlève les enfants, mais ne demande aucune rançon. Que veut-il donc ?

Raté donc. Parce que si je n’ai rien contre le fait de poser parfois le cerveau pour profiter d’un bon polar bien bourrique, il ne faut quand même pas trop me prendre pour une bille. Et là, entre des tentatives d’humour de répétition qui ne sont que répétition, sans humour, une génie analyste qui, quand on y réfléchit, ne montre rien de génial (et oui, c’est dur de mettre en scène quelqu’un de génial), et un tueur en série de plus, avec la surenchère que cela suppose …

Disons que j’ai frôlé l’indigestion, et que mon cerveau refusait de revenir à sa place. Non vraiment, de l’action bourrine OK, mais s’il vous plait, un peu de cohérence et un peu moins chargé en clichés et grand-guignol.

Juan Gómez Jurado / Reine Rouge, (Reina roja, 2018), Fleuve Noir (2022) traduit de l’espagnol par Judith Vernant.

Jolies choses

Je fais des efforts, promis juré, j’essaie même quand je ne suis pas complètement convaincu par un sujet. Comme cette fois avec Jolies choses de Janelle Brown. Raté.

Nina Ross est arnaqueuse. Elle a de qui tenir, sa mère n’a jamais gagné sa vie autrement. Avec son complice et amant, elle surveille les cons riches qui étalent leur vie sur instagram, puis entre en contact avec eux, évalue leur patrimoine, et les vole quand ils annoncent au monde entier qu’ils sont en vacances. Simple et efficace. Seulement la police se rapproche, et sa mère a besoin de soins très couteux pour son cancer, alors elle est prête à prendre plus de risques, pour un très gros coup.

La cible : Vanessa, richissime, vide, influenceuse. La cible parfaite. Mais les choses vont se compliquer, et va savoir qui se cache derrière les différents masques.

« Ce thriller implacable, au suspense à couper le souffle, a été un grand succès aux Etats-Unis. Construit de manière diabolique, il joue avec brio de notre addiction aux réseaux sociaux. »

C’est du moins ce que dit la 4°. Comment dire …

Je vais commencer par le positif, ce n’est pas indigne. Voilà. On prend même du plaisir aux 100 premières pages. C’est vif enlevé, ça n’invente pas l’eau tiède mais on prend plaisir. Mais après pour le suspense à couper le souffle, il aurait déjà fallu qu’il ne dépasse pas les 300-400 pages grand maximum. Il y en a 600 et j’avoue que petit à petit j’ai sauté de plus en plus de paragraphes. D’autant plus que d’enlevé, le roman devient lourd.

Ensuite je ne suis pas sur les réseaux sociaux, et je me contrefous de ce qu’il s’y passe, donc rien avec quoi jouer, avec brio ou non. Et un roman sur l’arnaque et le vide qui finit de façon « morale », franchement !

Et pour finir, et là c’est le coup de grâce, un des ressorts est la relation, parfois toxique, entre la mère et la fille arnaqueuses toutes les deux. Et là, le problème du lecteur de polar pas très jeune comme moi, c’est qu’il y a une référence : Les arnaqueurs de Jim Thompson. Et Jolies choses est à ce roman, ce qu’un selfie d’influenceur pathétique est à une photo de Cartier-Bresson.

Tout est dit.

Janelle Brown / Jolies choses, (Pretty things, 2020), les arènes (2022) traduit de l’anglais (USA) par Clément Baude.

Perplexe je suis …

… Comme dirait ce cher Salvo.

Faisant confiance à des critiques unanimement dithyrambiques, de Libération au Figaro en passant par Télérama, l’Humanité, le Monde etc … Un film France Inter loué par tous qui devait me mettre la patate. On est allé voir Licorice Pizza, « film solaire, porté par des acteurs extraordinaires, dont on ressort ému, revigoré, regonflé par une BO géniale », et j’en passe et des meilleures.

Et donc perplexe je suis. C’est long, mais que c’est long. Plus de deux heures, un scénario sans queue ni tête, une succession de sketchs avec des guest stars qui viennent cabotiner, plus ou moins bien, plutôt bien pour Tom Waits, plutôt moins bien pour les autres, des scènes que rien, aucune logique, ne relient les unes aux autres, des démarrages de thématiques jamais poussées, immédiatement chassées par une autre ..

On se croirait dans les média avec un scandale qui chasse l’autre pour des spectateurs incapables de fixer leur attention plus de 5 minutes.

Et tout ça pendant plus de deux heures. Comme je suis gentil, et que je veux vous épargner une perte de temps et d’argent, pour que vous ayez plus de l’un et de l’autre pour lire, voici un conseil, n’y allez pas !

Pyramides à éviter, bons romans à suivre

J’ai été assez peu chez moi, et je n’ai pas eu le temps d’écrire, mais j’ai lu. Des pavés de SF et fantazy comme promis. Je vais exécuter rapidement ma seule déception, et après on parlera de mes lectures enthousiasmantes. Exécution donc pour Pyramides de Romain Benassaya.

Un vaisseau ; les colons qui étaient endormis sont réveillés. Sauf qu’ils ne sont pas arrivés sur la planète promise, qu’ils ont dormi beaucoup plus longtemps que prévu et qu’ils n’ont pas la moindre idée de l’endroit où ils sont. Il s’avère rapidement que c’est une structure artificielle d’une dimension qui défie l’entendement. Très vite des tensions vont monter entre ceux qui veulent mettre tout en œuvre pour se fabriquer une vie là où ils se trouvent, et ceux qui veulent en sortir pour retrouver l’extérieur.

Je vais être plus court et bref que l’auteur. J’ai trouvé ça assez mauvais. Je ne suis allé au bout (en sautant de plus en plus de passages sans le moindre remord) que pour connaître le fin mot de l’histoire. Et même ça c’est raté.

Sinon, dialogues qui ne sonnent absolument pas juste, personnages sans épaisseurs, complètement caricaturaux, réactions et actions archi prévisibles, des conflits cliché au possible, avec tous les poncifs politico-sociologiques sans aucune finesse, ambiguïté, nuance. Même les conflits familiaux sont nuls.

Bref à oublier et éviter. A venir trois immenses plaisirs de lecture : Les chevaux célestes et Le fleuve céleste de Guy Gavriel Kay et L’espace d’un an de Becky Chambers.

Romain Benassaya / Pyramides, Pocket (2020).

La nuit n’existe pas

Je n’avais pas été vraiment convaincu par le premier roman d’Angelo Petrella que j’avais lu. Une bonne série B sans plus disais-je. Le suivant, La nuit n’existe pas, me convainc encore moins, ce sera ma dernière tentative avec cet auteur.

On retrouve Denis Carbone, flic hardboiled et borderline napolitain, toujours fâché avec sa hiérarchie, ciblé par les puissants et hanté par la mort de sa sœur. Son enquête sur la mort d’une gamine d’origine nigériane qui a été torturée va l’amener à douter de tous, et à affronter des adversaires qui ne reculent devant rien. Des adversaires qui ont des soutiens jusque dans les plus hautes sphères.

Dans ma note sur Fragile est la nuit je trouvais que Angelo Petrella ne décrivait pas du tout Naples, et surtout ne disait rien de ses habitants. Que c’était une série B survoltée sauvée par son humour et son ton vif. Malheureusement cette fois, les défauts (à mes yeux) sont toujours là, et les qualités ont disparu.

Toujours aucune existence réelle de la ville dans ce roman, si l’on excepte les noms de rues, ou de monuments. On pourrait se trouver n’importe où. Mais surtout, l’humour a disparu, et le côté survolté ou frénétique tourne cette fois à l’hystérie et au grand guignol. Avec secte satanique, grand complot, grand maître et explosions, hémoglobines et coups de théâtres absolument invraisemblables à tous les chapitres. Seul avantage, c’est court.

Donc ce sera tout, Denis Carbone continuera ses aventures sans moi.

Angelo Petrella / La nuit n’existe pas, (La notte non esiste, 2019), Philippe Rey/Noir (2021) traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Noyade

J’ai voulu un polar facile, qui se lise sans se faire mal à la tête. J’ai essayé Noyade de J. P. Smith. Raté, c’est juste ennuyeux.

SmithAlex Mason est un sale con. C’était déjà un sale con quand il avait 18 ans, qu’il était maître-nageur dans un camp, et qu’il avait abandonné le pauvre Joey, huit ans, sur un ponton au milieu du lac pour qu’il apprenne à nager. Le soir Joey n’était pas revenu, il n’était plus sur le ponton, il n’est jamais réapparu. Et ce sale con d’Alex n’avait rien dit.

20 ans plus tard Alex Mason est un entrepreneur à succès, pourri de fric, superbe femme trophée, deux filles blondes, et toujours un sale con, mais avec plus de pouvoir. Mais voilà que le spectre de Joey revient, et pourrait signer sa chute. Qu’il crève.

Raté donc. Pour commencer il n’y a pas de fond, pas d’intérêt dans la description d’un milieu d’une époque, d’une ville, d’une situation particulière. Les personnages sont assez caricaturaux, aucun n’est particulièrement attachant ou repoussant, on ne ressent pas d’émotion.

Cela pourrait donc être un thriller, un bouquin que l’on lit pour le suspens, le plaisir de laisser les pages tourner toutes seules, la gourmandise d’une écriture jouissive. Et bien même pas. Ecriture sans intérêt. Et surtout des accumulations de ficelles, de coïncidences énormes, de facilités, de mystères censés exciter la curiosité du lecteur mais qui ne sont jamais expliqués.

Bref un plof que vous pouvez éviter sans remord ni regret.

J. P. Smith / Noyade, (The drowning, 2019), Série Noire (2020) traduit de l’anglais (USA) par Philippe Loubat-Delranc.