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Riley tente l’impossible

Je savais que j’avais essayé un Dexter il y a longtemps et trouvé ça lourdingue. Mais j’ai tenté Riley tente l’impossible du même Jeff Lindsay. Raté.

Riley Wolfe est le meilleur voleur du monde. Rien ne lui résiste. C’est aussi un psychopathe qui tue comme il respire, quand c’est nécessaire mais sans plaisir. Et Riley Wolfe s’ennuie. Alors il va tenter le coup impossible : voler le plus gros diamant du monde, propriété de la couronne iranienne, lors d’une exposition archi sécurisée à Manhattan.

Dans ses chroniques de haine ordinaire, l’immense Pierre Desproges, acculé par la faim est réduit à l’impensable :

« Le placard aux victuailles exhibait un bocal de graisse d’oie, deux boîtes de Ronron et une de corned-beef. […] Un voisin pauvre mais compatissant me fit le prêt d’une demi-baguette de pain mou et d’un litron sobrement capsulé dont l’étiquette, en gothiques lamentables, chantait avec outrecuidance les vertus du gros rouge ci-inclus. […]

Or donc, la rage au cœur et la faim au ventre, je me retrouvai seul à la minuit dans ma cuisine avec ce pain flasque, le litron violacé et la boîte de corned-beef que je venais de gagner à pile ou face avec le chat, le sort souvent ingrat m’ôtant le Ronron de la bouche au bénéfice de ce connard griffu.

Or, à mon grand étonnement, j’y pris quelque plaisir, et même pire, j’en jouis pleinement jusqu’à atteindre la torpeur béate des fins de soupers grandioses, et m’endormis en toute sérénité. »

Tout ça pour quoi ? Pour tenter de comprendre pourquoi je suis allé au bout de ce roman à l’humour lourd et insistant, aux personnages absolument pas crédibles et aux rebondissements qui font lever un ou deux sourcils au lecteur le plus indulgent.

Bon j’avoue, j’ai sauté quelques lignes mais j’étais curieux de savoir jusqu’où l’auteur pouvait aller. J’ai déjà du mal à lire des histoires de voleurs à Manhattan, tant pour moi il y a un et une seul voleur digne d’intérêt dans cette ville. Là en plus c’est écrit avec de gros sabots. Donc à part si vous avez une envie soudaine de gros pif et de pâté rose en boite, je vous le déconseille.

Jeff Lindsay / Riley tente l’impossible, (Just watch me, 2019), Série Noire (1998) traduit de l’anglais (USA) par Julie Sibony.

Reine rouge

Je ne suis pas fan de thrillers, vous le savez, mais un thriller espagnol, je tente. Reine Rouge, de Juan Gómez Jurado. Encore raté.

Antonia Scott est un petit génie. Elle travaille pour une sorte de police parallèle européenne, plus précisément pour le compte de l’Espagne. Mais depuis un événement traumatisant, elle s’est isolée, et n’a quasiment plus aucun contact avec le monde. Jusqu’à ce que Mentor arrivé à la faire sortir de sa tour, grâce à Jon Gutierrez, policier basque, force de la nature.

Tous les deux vont traquer un tueur qui a l’air de s’en prendre aux familles les plus fortunées du pays. Il enlève les enfants, mais ne demande aucune rançon. Que veut-il donc ?

Raté donc. Parce que si je n’ai rien contre le fait de poser parfois le cerveau pour profiter d’un bon polar bien bourrique, il ne faut quand même pas trop me prendre pour une bille. Et là, entre des tentatives d’humour de répétition qui ne sont que répétition, sans humour, une génie analyste qui, quand on y réfléchit, ne montre rien de génial (et oui, c’est dur de mettre en scène quelqu’un de génial), et un tueur en série de plus, avec la surenchère que cela suppose …

Disons que j’ai frôlé l’indigestion, et que mon cerveau refusait de revenir à sa place. Non vraiment, de l’action bourrine OK, mais s’il vous plait, un peu de cohérence et un peu moins chargé en clichés et grand-guignol.

Juan Gómez Jurado / Reine Rouge, (Reina roja, 2018), Fleuve Noir (2022) traduit de l’espagnol par Judith Vernant.

Jolies choses

Je fais des efforts, promis juré, j’essaie même quand je ne suis pas complètement convaincu par un sujet. Comme cette fois avec Jolies choses de Janelle Brown. Raté.

Nina Ross est arnaqueuse. Elle a de qui tenir, sa mère n’a jamais gagné sa vie autrement. Avec son complice et amant, elle surveille les cons riches qui étalent leur vie sur instagram, puis entre en contact avec eux, évalue leur patrimoine, et les vole quand ils annoncent au monde entier qu’ils sont en vacances. Simple et efficace. Seulement la police se rapproche, et sa mère a besoin de soins très couteux pour son cancer, alors elle est prête à prendre plus de risques, pour un très gros coup.

La cible : Vanessa, richissime, vide, influenceuse. La cible parfaite. Mais les choses vont se compliquer, et va savoir qui se cache derrière les différents masques.

« Ce thriller implacable, au suspense à couper le souffle, a été un grand succès aux Etats-Unis. Construit de manière diabolique, il joue avec brio de notre addiction aux réseaux sociaux. »

C’est du moins ce que dit la 4°. Comment dire …

Je vais commencer par le positif, ce n’est pas indigne. Voilà. On prend même du plaisir aux 100 premières pages. C’est vif enlevé, ça n’invente pas l’eau tiède mais on prend plaisir. Mais après pour le suspense à couper le souffle, il aurait déjà fallu qu’il ne dépasse pas les 300-400 pages grand maximum. Il y en a 600 et j’avoue que petit à petit j’ai sauté de plus en plus de paragraphes. D’autant plus que d’enlevé, le roman devient lourd.

Ensuite je ne suis pas sur les réseaux sociaux, et je me contrefous de ce qu’il s’y passe, donc rien avec quoi jouer, avec brio ou non. Et un roman sur l’arnaque et le vide qui finit de façon « morale », franchement !

Et pour finir, et là c’est le coup de grâce, un des ressorts est la relation, parfois toxique, entre la mère et la fille arnaqueuses toutes les deux. Et là, le problème du lecteur de polar pas très jeune comme moi, c’est qu’il y a une référence : Les arnaqueurs de Jim Thompson. Et Jolies choses est à ce roman, ce qu’un selfie d’influenceur pathétique est à une photo de Cartier-Bresson.

Tout est dit.

Janelle Brown / Jolies choses, (Pretty things, 2020), les arènes (2022) traduit de l’anglais (USA) par Clément Baude.

Perplexe je suis …

… Comme dirait ce cher Salvo.

Faisant confiance à des critiques unanimement dithyrambiques, de Libération au Figaro en passant par Télérama, l’Humanité, le Monde etc … Un film France Inter loué par tous qui devait me mettre la patate. On est allé voir Licorice Pizza, « film solaire, porté par des acteurs extraordinaires, dont on ressort ému, revigoré, regonflé par une BO géniale », et j’en passe et des meilleures.

Et donc perplexe je suis. C’est long, mais que c’est long. Plus de deux heures, un scénario sans queue ni tête, une succession de sketchs avec des guest stars qui viennent cabotiner, plus ou moins bien, plutôt bien pour Tom Waits, plutôt moins bien pour les autres, des scènes que rien, aucune logique, ne relient les unes aux autres, des démarrages de thématiques jamais poussées, immédiatement chassées par une autre ..

On se croirait dans les média avec un scandale qui chasse l’autre pour des spectateurs incapables de fixer leur attention plus de 5 minutes.

Et tout ça pendant plus de deux heures. Comme je suis gentil, et que je veux vous épargner une perte de temps et d’argent, pour que vous ayez plus de l’un et de l’autre pour lire, voici un conseil, n’y allez pas !

Pyramides à éviter, bons romans à suivre

J’ai été assez peu chez moi, et je n’ai pas eu le temps d’écrire, mais j’ai lu. Des pavés de SF et fantazy comme promis. Je vais exécuter rapidement ma seule déception, et après on parlera de mes lectures enthousiasmantes. Exécution donc pour Pyramides de Romain Benassaya.

Un vaisseau ; les colons qui étaient endormis sont réveillés. Sauf qu’ils ne sont pas arrivés sur la planète promise, qu’ils ont dormi beaucoup plus longtemps que prévu et qu’ils n’ont pas la moindre idée de l’endroit où ils sont. Il s’avère rapidement que c’est une structure artificielle d’une dimension qui défie l’entendement. Très vite des tensions vont monter entre ceux qui veulent mettre tout en œuvre pour se fabriquer une vie là où ils se trouvent, et ceux qui veulent en sortir pour retrouver l’extérieur.

Je vais être plus court et bref que l’auteur. J’ai trouvé ça assez mauvais. Je ne suis allé au bout (en sautant de plus en plus de passages sans le moindre remord) que pour connaître le fin mot de l’histoire. Et même ça c’est raté.

Sinon, dialogues qui ne sonnent absolument pas juste, personnages sans épaisseurs, complètement caricaturaux, réactions et actions archi prévisibles, des conflits cliché au possible, avec tous les poncifs politico-sociologiques sans aucune finesse, ambiguïté, nuance. Même les conflits familiaux sont nuls.

Bref à oublier et éviter. A venir trois immenses plaisirs de lecture : Les chevaux célestes et Le fleuve céleste de Guy Gavriel Kay et L’espace d’un an de Becky Chambers.

Romain Benassaya / Pyramides, Pocket (2020).

La nuit n’existe pas

Je n’avais pas été vraiment convaincu par le premier roman d’Angelo Petrella que j’avais lu. Une bonne série B sans plus disais-je. Le suivant, La nuit n’existe pas, me convainc encore moins, ce sera ma dernière tentative avec cet auteur.

On retrouve Denis Carbone, flic hardboiled et borderline napolitain, toujours fâché avec sa hiérarchie, ciblé par les puissants et hanté par la mort de sa sœur. Son enquête sur la mort d’une gamine d’origine nigériane qui a été torturée va l’amener à douter de tous, et à affronter des adversaires qui ne reculent devant rien. Des adversaires qui ont des soutiens jusque dans les plus hautes sphères.

Dans ma note sur Fragile est la nuit je trouvais que Angelo Petrella ne décrivait pas du tout Naples, et surtout ne disait rien de ses habitants. Que c’était une série B survoltée sauvée par son humour et son ton vif. Malheureusement cette fois, les défauts (à mes yeux) sont toujours là, et les qualités ont disparu.

Toujours aucune existence réelle de la ville dans ce roman, si l’on excepte les noms de rues, ou de monuments. On pourrait se trouver n’importe où. Mais surtout, l’humour a disparu, et le côté survolté ou frénétique tourne cette fois à l’hystérie et au grand guignol. Avec secte satanique, grand complot, grand maître et explosions, hémoglobines et coups de théâtres absolument invraisemblables à tous les chapitres. Seul avantage, c’est court.

Donc ce sera tout, Denis Carbone continuera ses aventures sans moi.

Angelo Petrella / La nuit n’existe pas, (La notte non esiste, 2019), Philippe Rey/Noir (2021) traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Noyade

J’ai voulu un polar facile, qui se lise sans se faire mal à la tête. J’ai essayé Noyade de J. P. Smith. Raté, c’est juste ennuyeux.

SmithAlex Mason est un sale con. C’était déjà un sale con quand il avait 18 ans, qu’il était maître-nageur dans un camp, et qu’il avait abandonné le pauvre Joey, huit ans, sur un ponton au milieu du lac pour qu’il apprenne à nager. Le soir Joey n’était pas revenu, il n’était plus sur le ponton, il n’est jamais réapparu. Et ce sale con d’Alex n’avait rien dit.

20 ans plus tard Alex Mason est un entrepreneur à succès, pourri de fric, superbe femme trophée, deux filles blondes, et toujours un sale con, mais avec plus de pouvoir. Mais voilà que le spectre de Joey revient, et pourrait signer sa chute. Qu’il crève.

Raté donc. Pour commencer il n’y a pas de fond, pas d’intérêt dans la description d’un milieu d’une époque, d’une ville, d’une situation particulière. Les personnages sont assez caricaturaux, aucun n’est particulièrement attachant ou repoussant, on ne ressent pas d’émotion.

Cela pourrait donc être un thriller, un bouquin que l’on lit pour le suspens, le plaisir de laisser les pages tourner toutes seules, la gourmandise d’une écriture jouissive. Et bien même pas. Ecriture sans intérêt. Et surtout des accumulations de ficelles, de coïncidences énormes, de facilités, de mystères censés exciter la curiosité du lecteur mais qui ne sont jamais expliqués.

Bref un plof que vous pouvez éviter sans remord ni regret.

J. P. Smith / Noyade, (The drowning, 2019), Série Noire (2020) traduit de l’anglais (USA) par Philippe Loubat-Delranc.

Un deux trois

J’avais entendu parler de Dror Mishani, sans jamais avoir lu ses romans. J’ai essayé avec Un deux trois. Il paraît qu’il y prend un tournant. Virage raté pour moi, et abandon en cours de route.

MishaniOrna vit seule avec son fils de huit ans, dévastée par son divorce. Le gamin renfermé vit lui aussi mal le départ de son père loin, très loin, fonder une nouvelle famille. Peu à peu, elle essaie de surnager et décide de commencer à sortir et à rencontrer du monde, et pourquoi pas démarrer une nouvelle relation. Est-ce que cela pourrait être Guil, avocat récemment divorcé ?

Je ne le saurai jamais. J’ai tenu plus de cent pages à lire les chouineries de Orna, qui est très déprimée, et très triste, et son ex est un enfoiré, et son gamin est mal, et sa mère est chiante … Putain que c’est plat. Il paraît que c’est un thriller psychologique. J’ai vu des comparaisons avec Indridason. J’ai trouvé ça mou, triste, plat, enfermé, larmoyant … chiant.

C’est peut-être pas le moment, mais en fait je n’ai jamais aimé les thrillers psychologiques. On ne sait rien de son boulot, de la ville, de rien. C’est elle et son fils, son appartement, elle, son dépit … Chiant. Abandon au premier tiers.

Dror Mishani / Un deux trois, (Shalosh, 2018), Série Noire (2020) traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz.

PS. Pour se sortir de ce putain de confinement, et de l’enfermement, et en attendant de pouvoir s’aérer la tête pour de vrai (et pas sous surveillance policière avec interdiction de sortir du département, plus ou moins), j’ai mis une sélection de photos en ligne ici.

L’homme aux murmures

J’ai eu un moment de faiblesse, sans doute dû à la situation un peu oppressante. J’ai lu un pur thriller, L’homme aux murmures d’Alex North. C’est nul.

NorthTom et son fils Jake, huit ans, viennent de s’installer dans une charmante petite ville. Ils essaient de se remettre de la mort de Rebecca, la maman. Ils ne savent pas que vingt ans auparavant un tueur en série y a sévi, qui a assassiné 5 petits garçons. Et un gamin vient de disparaître. Quand Jake entend des murmures la nuit, tout semble recommencer.

Donc soyons clair et concis, c’est nul.

Cousu non pas avec du fil blanc mais avec des câbles. Des coïncidences en veux-tu, en voilà. Et alors lourd, mais lourd … Lourdingues les états d’âmes du flic qui, ô surprise, essaie de ne pas retomber dans l’alcool. Encore plus lourdingue la thématique très très appuyée sur les rapports père/fils. Allez, pour le plaisir je développe, même si ça revient à révéler des parties entières de l’énigme. Le papa et le fils ont des relations difficiles, parce que le papa a peur d’être comme son papa à lui qui buvait et qu’il n’a plus vu depuis l’âge de 8 ans. Et il croit que son papa à lui (au papa) avait blessé sa maman. Ben c’était pas vrai. Et le papa du papa c’est le flic qui enquête que le serial killer. Et ils se revoient. Et à la fin ils sont presque raccommodés. Et le nouveau serial killer, en fait, c’est le fils de l’ancien qui est un vrai monstre (mais qui fait pas peur). Et il veut être un vrai papa pour les nouveaux enfants qu’il enlève. Et en même temps être digne de son papa (le serial killer) qui est en taule. Et la maman du papa est morte jeune, et celle du fils aussi, et celle du fils du serial killer aussi. Et ils font tous les cauchemars très importants, pleins de mystères.

Ajoutez que c’est écrit à la truelle. Et que même le déroulement de l’intrigue est plus que moyen, avec des tentatives de cliffhangers et de mystères pseudo fantastiques qui tombent complètement à plat.

Je dois vous avouer que plus j’avançais, plus je faisais du saute-mouton au dessus de paragraphes entiers, et pourtant, j’ai tout compris de la résolution, faut dire que l’auteur explique bien au cas où.

Bref, vous pouvez économiser votre temps et votre argent.

Le sourire du scorpion

Le sourire du scorpion de Patrice Gain attendait sur ma pile depuis le début de l’année. Je m’y suis plongé, je n’ai pas été convaincu.

GainTom et Luna, jumeaux de 15 ans se préparent à vivre une belle aventure avec leurs parents et leur guide Goran : La descente d’un canyon sauvage en rafting, dans le Monténégro. Mais la virée tourne au drame quand, après avoir été coincés par un orage, dans un rapide, leur embarcation se retourne et leur père disparaît.

De retour sur les Causses où ils vivent dans un camion, la famille va avoir beaucoup de mal à surmonter le drame, d’autant que le doute sur ce qui s’est vraiment passé dans ce canyon commence à envahir Tom et Luna.

Je reconnais qu’il y a de belles pages dans ce roman, mais pour moi tout a mal commencé, et je n’ai jamais accroché.

Tout d’abord, même en faisant confiance à un guide, il faut être vraiment con pour s’engager dans un canyon dont on ne sait rien, sans même avoir une idée de la météo. A partir de là, je me dis qu’ils ont bien cherché ce qui leur arrive.

Ensuite le narrateur Tom ne parle absolument pas, et ne pense pas, comme un ado de 15 ans. C’est censé être sa voix qu’on entend, pas celle d’un écrivain confirmé qui fait des phrases. Du coup je n’ai pas cru une seconde au narrateur, et par ricochet aux autres personnages.

A partir de là, plus grand-chose ne m’a touché, et il ne restait plus que la curiosité du final de l’intrigue, qui n’est pas non plus une grosse surprise. Donc raté pour moi, pas du tout fasciné comme certains de mes collègues.

Patrice Gain / Le sourire du scorpion, Le mot et le reste (2020).