Voilà le grand retour des tocards de Mick Herron dans : Mission tigre.
Pour ceux qui, malgré mes conseils, n’auraient pas lu La maison des tocards et Les lions sont morts (mais qui vont bien entendu le faire toutes affaires cessantes) quand un agent secret de sa majesté merde très gravement, il est envoyé dans ce service : La maison des tocards, sous la houlette du plus mal vu d’entre eux, Jackson Lamb. Et il passe son temps à trier des papiers ou à faire des mémos que personne ne lit.
Jusqu’à ce que celle qui fait office de secrétaire du maître des lieux soit enlevée. Mais qui donc aurait intérêt à enlever Catherine, ex alcoolique qui survit au jour le jour et n’a accès à aucune info confidentielle ? Certainement quelqu’un qui ne connait pas bien Jackson Lamb. Toujours sur le dos de ses ouailles, toujours particulièrement désagréable, il ne supporte pas que quelqu’un d’autre que lui s’en prenne à eux. Et ceux qui s’imaginent le contraire vont au devant de graves ennuis.
On retrouve avec un grand plaisir le talent de Mick Herron qui arrive, sur le ton de l’humour et de la dérision, à écrire des romans d’espionnage dont la construction n’a rien à envier aux plus grands, que ce soit dans leur cohérence, leur crédibilité ou la complexité des pièges et chaussetrapes mis en place.
Ses personnages sont à la fois ridicules et émouvants, son Jackson Lamb est insupportable, grossier, en apparence inoffensif et pourtant redoutable et finalement beaucoup plus empathique qu’il n’y parait.
Et c’est avec le monde de l’espionnage « sérieux » et encore plus avec le monde politique que l’auteur est absolument sans pitié. C’est féroce, sanglant et hautement réjouissant. Jusqu’au moment où on se dit que malheureusement il n’est pas du tout certain qu’il exagère, et là on arrête de sourire et on a envie de pleurer. A ne manquer sous aucun prétexte.
Mick Herron / Mission tigre, (Real tigers, 2023), Actes Noirs (2024) traduit de l’anglais par Laure Manceau.