Archives pour la catégorie Musique

Désespérant

Je crois qu’on est foutus, l’homme est foncièrement con. Et l’homme très riche, s’il n’est peut-être pas intrinsèquement plus con que l’homme pauvre a infiniment plus de moyens d’imposer sa connerie au reste de l’humanité.

Ce sont ces quelques infos, en apparence anodines, qui m’ont plongé dans ces abimes de réflexions philosophiques. Coup sur coup j’ai appris :  

Que non seulement la COP28 se tiendrai à Dubaï, mais également que c’est un émir, PDG d’une compagnie pétrolière qui en sera le président.

En Suisse, c’est un lobbyiste de l’industrie, grand défenseur du pétrole qui devient ministre de l’environnement.

Ajoutez deux infos plus ancienne, l’annonce des jeux asiatiques d’hiver en Arabie Saoudite, le projet dément de la même Arabie Saoudite de ville qui ferait frémir les lecteurs de SF les plus endurcis.

Donc on est foutus. Comme je sens que j’ai un peu plombé l’ambiance, en attendant la catastrophe, on peut se faire plaisir. Et ces jours-ci je me fais très plaisir avec le dernier album du Boss Springsteen. Aucune révolution musicale, des reprises de classiques de la soul des années 60-70. On atteint cette simplicité apparente qui est la marque des grands, la voix est grandiose, et quand on écoute avec attention on s’aperçoit que les arrangements et la production sont d’une richesse et d’une précision assez bluffantes.

Pour le plaisir, trois titres pour se remonter le moral après ces nouvelles affligeantes : Don’t play that song, Hey, Western union man, et Do I love you (Indeed I do). Bon week-end quand même.

Adieu Mister Eddy

Un peu de joie nous a quittés hier, avec la mort d’Eddy Louiss.

Je ne l’ai vu qu’une fois sur scène, peu après la sortie de Louissiana.

Ca doit groover là-haut !

Et puis il a retrouvé son pote Michel, alors ça doit swinguer aussi. Je crois qu’il y a peu d’albums qui dégagent plus de complicité, de joie de vivre, de plaisir de jouer ensemble que cette Conférence de presse. Deux disques que j’écoute, écoute encore, et réécoute toujours, pas un seul morceau faible, que du pur bonheur.

Louiss

Ciao Mister Eddy et merci pour tout.

Merci monsieur BB King

Mauvaise nouvelle dès le réveil le grand BB King est mort. D’un autre côté, à presque 90 ans, il a eu une belle vie, ou du moins, une belle fin de vie.

Au delà de ses disques et de tout ce qu’on peut voir aujourd’hui sur le web, BB King reste pour moi le souvenir de concerts mémorables.

L’orchestre joue, chauffe la salle sur un ou deux morceaux, puis la Maître est annoncé. Il arrive tranquillement, commence à taper des mains de ce geste si caractéristique, comme s’il donnait des coups de poings dans sa paume ouverte … et chante. Et là premier choc, quelle voix ! Ample, chaude, un de ses voix dans laquelle on sent toute une vie, quantités de malheurs mais aussi de bonheurs, une voix qui rempli la salle sans jamais forcer, sans aucun effet, une voix qui raconte tout simplement et qui vous prend aux tripes.

Puis les 12 mesures de chant terminées, il ramène Lucille qu’il avait mise sur le côté sur son ample ventre, et là, il plante une note, une seule, et montre au monde que la musique ce n’est pas seulement de la technique, pas seulement du travail, pas seulement de la théorie. La musique c’est aussi et surtout cette simple note qu’il fait vibrer, incroyable, incompréhensible, qui répond de façon si évidente à son chant, qui en est le prolongement « naturel ». Et durant tout le concert, on assiste médusé et transporté à ce dialogue entre la voix et la guitare.

Le blues continue bien entendu, la musique de BB King reste, ce qui disparaît à jamais, c’est la claque monumentale, de ce chant de Lucille pris en direct, droit au cœur.

BBKing

Merci pour tout Maître.

Un peu de Soul

Comme en ce moment je suis scotché au milieu du dernier James Lee Burke (très bien, mais un pavé et dense comme toujours, donc il prend du temps), et comme je me suis remis à écouter de la musique grâce, ne riez pas, à The Voice (je vous explique ça à la fin), je suis allé trainer dans les rayons des disquaires et je suis tombé en arrêt, casque sur les oreilles, devant le dernier album de Robin McKelle, Heart of Memphis.

Je sais bien deux choses :

RobinMcKelle_HeartOfMemphis_couvUn, c’est très vieux d’acheter des CD au lieu d’écouter sur internet, avec une qualité de merde. Que voulez-vous, j’ai une vieille hifi, avec des grosses baffles, qui envoient quand on monte un peu le son, j’ai du mal avec le son étriqué des ordis et des Ibidules. Puis je suis vieux.

Deux l’album n’est pas récent (il a déjà quelques mois), mais avec un peu de chance vous pouvez encore le trouver dans les rayons …

Venons-en au sujet. Quel bonheur ! Treize titres de soul pur jus, qui coulent de façon aussi évidente et naturelle qu’un roman d’Elmore Leonard. Et qui d’ailleurs, au moins pour moi, procurent le même type de plaisir : Un sourire béat de contentement, du début à la fin, avec de temps à autre quelques bulles de joie pure qui vous remontent du ventre. Promis, celui qui écoute ça sans se sentir heureux … Je le plains.

Quand je dis aussi évident qu’un roman d’Elmore Leonard, c’est que je ne trouve pas de meilleure description : de même que les dialogues du maître coulaient de source, ici, dès les premières mesures on a l’impression de pouvoir chanter la ligne de basse ou les rifs de cuivre, tout est génialement à sa place, tout sonne d’enfer, tout est évident. Tout est bon.

Ca groove, on passe d’un morceau nonchalamment chaloupé à une balade nostalgique, et je mets quiconque au défi de ne pas se mettre, au moins à battre des pieds, des mains et à se trémousser (et vous faites ce que vous voulez avec vos oreilles) à l’écoute de Good Time.

Quand à la voix de la belle Robin … Autant rien ne m’agace plus que ces commentaires culculs sur tel ou telle dont on vous vend le mélange funky-blues-jazzy-soul, sous prétexte qu’à un moment il, elle attaque une note par en dessous ou plante une quinte diminuée, autant Robin McKelle a une voix purement Soul. Une vraie, une qui vous réchauffe sans avoir besoin de faire, en permanence des concours de puissance ni ne hauteur. Une voix qui chauffe, remue, berce. Une voix chaude comme un vieil armagnac.

Les textes, j’avoue que je ne saurais trop quoi en dire. Honte sur moi, quand j’écoute cette musique je ne prête guère attention aux paroles. Et que celui qui n’a jamais pris son pied à l’écoute de ces grands moments littéraires que sont I feel good, Sex machine ou ceci me jette la première pierre …

Pour finir, l’explication promise. Ma fille, 11 ans, regarde The Voice. Et elle sait ce que j’en pense … Donc de temps en temps, pour me convertir, elle me fait écouter (sur un Imachin avec un son de merde) des extraits. Et immanquablement, ça rate jamais, je lui dis « Ah mais ça je connais ! », et je m’aperçois que dans mes CD, il n’y a pas grand-chose de ces morceaux que j’ai tant écouté il y a si longtemps (souvent sur des cassettes mal repiquées, avec un son de merde, c’est vrai). C’est comme ça que je me suis retrouvé à écumer les rayons de CD pour acheter des best off de Tina Turner, Queen ou James Brown. Ajoutez à cela un fils aîné qui ne jure que par AC/DC, les Stones, ZZ Top ou The Wall, et vous aurez une idée de l’ambiance vieillotte qui règne à la maison.