Dead stars

Les quatre précédents romans de Benjamin Whitmer ont été de grosses claques. Le cinquième Dead stars va vous sonner.

Plainview dans le Colorado, années 80. Pour des raisons que nous allons découvrir la famille Turner y est connue, et pas en bien. Le père Robin est un ancien trafiquant de drogue. Whitey le petit frère est totalement incontrôlable, il refuse toute forme d’autorité et sillonne le pays à bord de son camion. Hack, ancien cowboy de rodéo s’est rangé pour s’occuper de ses deux enfants, Nat 17 ans et Randy 14 ans. Depuis que leur mère est partie, il fait autant d’heures sup qu’il peut dans l’usine de traitement de plutonium qui en réalité possède toute la ville.

Quand Randy ne rentre pas un soir alors qu’il était parti louer des cassettes à vélo avec deux copains, personne en ville ne se présente pour aider Hack et Nat à le chercher. Alors c’est la famille proche qui va prendre les choses en main pendant trois jours sombres et sanglants.

Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec une quatrième de couverture : « La quintessence du noir » Pierre Lemaitre. Du noir profond, du ristretto sans sucre, pendant plus de 500 pages. Pas un coin de ciel bleu ou presque, on ne souffle jamais. Le seul rayon de soleil aurait pu être Randy, mais il a disparu. Il y a un personnage féminin qui apporte un peu de chaleur. Les autres sont durs comme le silex, en permanence submergés par une colère qui ne semble pas avoir de limite.

Peu à peu, au gré d’une intrigue qui va dévoiler morceau par morceau les noirceurs de la famille Turner et surtout celles de la ville de Plainview, nous allons nous familiariser avec Robin, Whitey, Hack et Nat. Les relations père/enfants sont une fois de plus au centre du roman, comme toujours chez Whitmer, et nous allons aller aux racines de la colère des personnages et de leur violence, nous allons voir avec quelle inéluctabilité ils vont droit dans le gouffre, et ils vont de plus en plus nous tordre les tripes et le cœur.

Notre première réaction de rejet ou de prise de distance va changer, nous allons nous en rapprocher, et à défaut de les aimer (chacun se fera son opinion), nous allons compatir, partager leurs souffrances et leur rage et comprendre, malgré leurs actes. Au final c’est contre cette société américaine des années 80 qui a créé Plainview, qui a laminé ses habitants que nous allons, avec eux, nous révolter.

On peut ne pas accepter la totale noirceur du roman ; on peut le trouver trop dur ; mais on ne peut pas le lire sans être bouleversé, et si on va au bout on n’est pas près d’oublier Robin, Whitey, Hack et Nat.

Vous êtes avertis.

Benjamin Whitmer / Dead stars, (Dead stars, 2024), Gallmeister (2024) traduit de l’anglais (USA) par Jacques Mailhos.

6 réflexions au sujet de « Dead stars »

    1. actudunoir Auteur de l’article

      Ils sont tous très forts, et tous indépendants les uns des autres. Tu peux commencer par celui-ci, ou l’un des deux précédents, Evasion ou Les dynamiteurs.

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  1. Trane69

    Merci Jean Marc. J’ai commandé Évasion à mon libraire.

    La colère, la rage, juste ce qui m’habite depuis dimanche soir…

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