Suite des chroniques de Santa Clara

Suite des enquêtes de Leo Martín de Santa Clara du cubain Lorenzo Lunar : Coupable vous êtes.

LunarA cinq heures du matin, en allant prendre son poste face à la gare routière, Pedrusco, le roi du cirage tombe sur un cadavre, la tête réduite en bouillie par ce qui ressemble fort à un marteau de cordonnier. On aurait voulu faire porter le chapeau à Chago le Bœuf, cordonnier de profession, trafiquant de tout ce qui se trafique dans le quartier de Leo qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Et comme dans le quartier tout se sait, avant même que l’arme du crime ne soit découverte Chago vient narguer les policiers en venant déclarer … Le vol de son marteau. Quand la victime se révèle être un proxénète de Varadero, la station balnéaire à la mode de l’île, les soupçons se portent sur les jineteras du quartier, ces filles qui se vendent aux touristes pour de l’argent, des cadeaux ou éventuellement un mariage. Des jineteras que Leo connait toutes et qu’il aime bien.

« Usted es la culpable de todas mis angustias, de todos mis quabrantos » C’est des paroles d’un bolero qu’est tiré le titre original du roman (je ne suis d’ailleurs pas fan du choix du titre français qui m’a donné l’impression qu’on était chez Montalbano …). Et c’est bien à un boléro que nous invite Lorenzo Lunar, grand chanteur devant l’éternel, dans cette nouvelle chronique de Santa Clara.

Un boléro avec des cœurs brisés, des femmes fatales superbes, bourreaux et victimes à la fois, des hommes qui souffrent, boivent, mais ne cessent de tomber amoureux et d’être trompés, des trahisons, et la mort au bout du chemin.

Un boléro qui montre que l’exploitation des plus faibles par les plus forts (ou plus malins, ou plus riches ou …) est universelle, que parmi les plus faibles il y a, ici comme ailleurs, souvent les femmes, et qu’ici comme ailleurs les plus belles brisent les cœurs, sont victimes du système mais savent aussi l’exploiter, et que, comme chez Marc Villard, comme chez David Goodis ou Jim Thompson, tout cela ne peut que mal finir.

Un boléro qui nous fait vivre le temps d’une lecture la vie dans le quartier le plus pauvre de Santa Clara, un quartier dont certains se sont sortis, auquel certains sont restés fidèles, que d’autres ont trahi. Un quartier où la recherche quotidienne de la survie est la règle, où on se bat, on se jalouse, et pourtant, mystérieusement, un quartier que Lorenzo Lunar nous donne envie de retrouver et de connaître.

Il revient quand Leo Martín ?

Lorenzo Lunar / Coupable vous êtes (Usted es la culpable, 2006), Asphalte (2015), traduit de l’espagnol (Cuba) par Morgane le Roy.

8 réflexions au sujet de « Suite des chroniques de Santa Clara »

  1. Hervé Le Corre

    Salut Jean-Marc, je passe par ce biais car je n’ai plus ton adresse mail. j’apprends que Jean Vautrin est mort. Je suis triste de voir disparaître ce grand maître en écriture, ce puissant conteur, cet homme bien, simplement. Je le connaissais un peu, on s’estimait. pas eu l’occasion de boire un dernier verre de Sauternes, l’un de ses préférés, avec lui. Et merde.
    Amitiés
    Hervé

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    1. actudunoir Auteur de l’article

      Triste nouvelle, pour les amateurs et pour ceux qui le connaissaient. Pour ma part je n’avais jamais eu l’occasion de le rencontrer. Sinon de très loin.
      Amitiés.

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  2. gabbaï

    lorenzo Lunar, quelle belle découverte, j’ai « avalé » la trilogie, transportée à Cuba sur ces airs de bolero, ambiance désespérée garantie, clin d’oeil sur la vie à Cuba, et universalité de la condition humaine

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  3. Miguel Angulo

    Lorenzo estoy viviendo en miami publique en enero 2015 cuentos cortos con finales largos deseo contactar contigo saludos miguel

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