Antonio Altarriba suite

L’autre BD du scénariste Antonio Altarriba c’est donc Moi assassin, dessins de Keko.

Moi-assassincouvEnrique Rodriguez Ramirez est un professeur reconnu dans toute l’Espagne. Il travaille sur la représentation de la douleur dans l’art occidental. Bien entendu il a ses adversaires et ses ennemis … Ce qu’aucun d’eux ne sait c’est qu’Enrique ne s’arrête pas à la théorie, pour lui, « Tuer n’est pas un crime. Tuer est un art ».

Un art qu’il a déjà exercé à plus de 30 reprises. Toujours de façon gratuite, toujours de façon esthétique. Lorsqu’un de ses collègues, un de ceux qui le jalousent, est tué de façon très … artistique, il est suspecté, alors que, cette fois, il n’y est pour rien.

Quelle BD ! Brillante, intelligente et dérangeante. Terrible personnage, troublant dans ses justifications du meurtre, troublant dans sa misanthropie … Personnage pour lequel Altarriba et Keko ont poussé la logique du titre (moi assassin) jusqu’à lui donner les traits … d’Altarriba.

Le dessin, évoque dans ses noirs et blancs sans gris, seulement éclaboussés par le rouge du sang ceux de Sin city, mais ils sont accompagnés d’un discours beaucoup plus profond qui amène le lecteur à réfléchir sur d’autres tueurs, sur des meurtres acceptés, sur la justification par la guerre, l’économie, le soit disant intérêt commun …

Un discours et des dessins qui mettent également en lumière la douleur, la torture et le meurtre dans l’art occidental, au travers de tableaux que nous connaissons tous, et devant lesquels nous nous sommes tous extasiés à un moment ou un autre.

Une histoire superbement racontée et dessinée, qui en plus fait réfléchir et cultive. Que demander de plus ?

Antonio Altarriba (scénario) Keko (dessin) / Moi assassin (Yo asesino), Denoël Graphic (2014), traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco.

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