En quelques romans, Victor del Arbol s’est imposé comme un des écrivains espagnols importants de ces dernières années. Il revient en ce début d’année avec La veille de presque tout.
L’inspecteur Ibarra est de retour en Galice après quelques années à Malaga. Des années qui se sont concluent par une affaire retentissante : l’arrestation du meurtrier de la petite Amanda, 10 ans. Un meurtrier que l’inspecteur avait abattu sur place lors de la découverte du corps. Mais les relations de la famille de la fillette avaient permis de le blanchir, même si aujourd’hui certains remettent en cause la version officielle.
Entre un fils gravement malade, un couple qui bat de l’aile, les images du meurtre qui l’empêchent de dormir et la campagne médiatique contre lui, Ibarra ne va pas bien. Cette nuit-là, une femme est admise aux urgences de l’hôpital de La Corogne, tabassée. Elle ne veut parler qu’à lui. Quand il la rejoint, c’est tout un passé qui revit, un passé qui plonge ses racines bien plus loin que l’affaire de Malaga.
La veille de presque tout a reçu en Espagne le prestigieux prix Nadal, et c’est génial pour lui, d’autant plus que ce prix n’est pas un prix polar mais un prix généraliste qui récompense la meilleur roman de l’année (petite parenthèse, ce n’est pas chez nous qu’on verrait un polar gagner un des multiples prix décernés tout au long de l’automne, fin de la parenthèse).
Mais, car il y a un mais, j’ai préféré le précédent Toutes les vagues de l’océan. Non que celui-ci soit mauvais, bien au contraire, mais le précédent est exceptionnel, magistral, renversant.
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, La veille de presque tout est un excellent roman noir, on y retrouve tout le talent de Victor del Arbol pour mêler les intrigues, les personnages, plonger les racines du mal présent dans un passé violent. On retrouve son écriture, dense, empathique dans sa description des tourments de personnages abimés, poétique et lyrique quand il décrit le déchainement de la nature sur la côté galicienne qui, et étonnamment pudique dans le rappel de traumatismes insupportables.
Sans chercher le coup de théâtre, en construisant un puzzle que l’on voit prendre forme petit à petit, il nous livre une nouvelle histoire de perdants, d’abimés, qui tentent, et parfois réussissent, à survivre, malgré des blessures ignorées par l’histoire officielle. Et il réécrit, inlassablement, les mythes et les légendes de notre imaginaire politique, leur donnant chair et complexité.
Victor del Arbol / La veille de presque tout (La víspera de quasi todo, 2016), Actes Sud/Actes noirs (2017), traduit de l’espagnol par Claude Bleton.
« Toutes les vagues de l’océan » était une tuerie, une excellent roman, magnifique !! Mais je vais me faire plaisir avec son petit dernier 😉
Nous sommes d’accord, et ce petit dernier vaut aussi le déplacement.
Alors, je prends !
Bon, ben ça tombe bien, dans mon stock, y a Toutes les vagues de l’océan, je vais donc le lire, dès que j’aurai lu La mort du petit coeur, de Woodrell (qu’on m’a offert). Mais celui-ci me tente, et quel titre!
La mort du petit coeur, puis Toutes les vagues de l’océan ! Deux sacrés bouquins !
» Toutes les vagues… » , j’ai dévoré. Idem pour » la tristesse du samourai « . Donc, le petit dernier sera lu aussi.
Victor del Arbol, c’est du solide et il est en train, roman après roman, de s’affirmer comme un auteur majeur.
Un nouveau coup de coeur, énorme coup de coeur avec ce 4e Victor del Arbol
Il est encore très bon, même si j’ai trouvé Toutes les vagues de l’océan encore meilleur.
Ahhhhhhhh cher Jean-Marc, Toutes les vagues de l’océan est une oeuvre absolue, parole de fan absolue ! 😉
Bien d’accord !
😀
Je lis tous ses romans, gros coup de coeur pour l’auteur depuis le premier. Bien sûr une préférence pour Toutes les vagues de l’océan, magistral. Et je viens de commencer le dernier qui m’a l’air toujours aussi poétique et dont l’écriture me touche toujours autant.
Il est très bon aussi, même si Toutes les vagues reste pour moi sa réussite la plus magistrale.
Le traducteur pourrait être meilleur…
J’avoue ne pas avoir remarqué.
Je viens d’entendre Victor Del Arbol à la médiathèque Aragon à Tarbes (partenariat avec les Noires de Pau) à propos de La veille de presque tout. C’est un type aussi génial que son écriture. On sort de là avec le désir de le lire en espagnol.
Cinq ans de travail pour Toutes les vagues de l’océan.
C’est un roman qui embrasse une vaste histoire, dont il dit qu’ il n’a fait plaisir ni aux gens de gauche ni aux gens de droite 🙂
Avec son dernier roman il resserre la focale.