Carlo Lucarelli de retour en Erythrée

Je ne sais pas s’il avait prévu ça en écrivant La huitième vibration, mais c’est déjà le troisième volume que Carlo Lucarelli situe dans la colonie italienne d’Erythrée : Le temps des hyènes.

LucarelliNous retrouvons donc avec grand plaisir le capitaine Colaprico, et son assistant, le Sherlock Holmes abyssin, Ogbà déjà protagonistes principaux de Albergo Italia. Cette fois, c’est une épidémie de suicides qui les alerte : tout d’abord trois noirs sont retrouvés pendus à un sycomore. Voilà qui ne risque guère de déclencher la venue d’un capitaine des carabiniers. Mais quand c’est au tour du Marquis Sperandio de se balancer aux mêmes branches, tout le monde s’agite.

La perspicacité de nos deux enquêteurs va être mise à rude épreuve, dans une affaire où un chien étrange, des hyènes, une sorcière, un chef de village, une marquise et quelques autres vont être impliqués. D’autant plus mise à l’épreuve que, comme le dit Ogbà en tigrigna : « Kem fulut neghèr zeybahriawì yelèn » ou comme le dit Sherlock Holmes : « There is nothing so unnatural as the commonplace ». Ou en gaulois (traduit de l’italien) : « il n’y a rien de plus trompeur que l’évidence ».

Dépaysement, humour, légèreté, hommage à Conan Doyle et magnifique reconstitution historique. Tous les ingrédients des précédents volumes sont bien présents ici. L’écriture de Carlo Lucarelli est toujours aussi jouissive dans sa façon de passer d’un italien à l’autre, en passant par les langues locales. Et ce sans jamais perdre le lecteur, grâce aussi, rendons à César, à son traducteur préféré et habituel.

Cerise sur le gâteau, cette dernière enquête a d’étranges résonnances avec nos tristes temps présents, et les hyènes ne sont pas toujours celles que l’on croit. Mais je ne peux en dire plus sans déflorer la surprenante chute du roman.

Carlo Lucarelli / Le temps des hyènes (il tempo delle iene, 2015), Métailié (2018), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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