Tu sais qui

Une excellente découverte chez Métailié, Tu sais qui du polonais Jakub Szamalek.

Julita voulait être journaliste. Elle se retrouve à pondre des articles putaclic pour un site de merde, à grands coups de : L’EFFROYABLE DECOUVERTE DE BIDULE, ou L’HORRIBLE SURPRISE DE TARTANPION.

Jusqu’au jour où, au détour d’une vidéo bien crapoteuse sur un accident, elle croit voir une incohérence et une petite possibilité de faire du vrai journalisme. Jusqu’à ce qu’un mystérieux correspondant lui intime l’ordre d’arrêter, la menaçant de la détruire. Julita l’envoie paître, ne voyant pas comment on peut la détruire sur le net. Erreur, grosse erreur, sa vie devient alors un enfer. Mais perdue pour perdue …

Excellente découverte donc. Qui offre, et c’est déjà très bien, un plaisir de lecture immédiat. Le style est enlevé, teinté d’humour, l’héroïne Julita très attachante et l’intrigue parfaitement menée. Plaisir de lecture au premier degré donc.

Mais ce n’est pas tout. La description des métiers de merde, abrutissants, comme celui de Julita qui pond à la chaine les articles les plus putassiers juste pour attirer les cons et les mener sur le pub. Ou les campagnes de marketing d’un autre des protagonistes pour des produits tous plus inutiles les uns que les autres est excellente.

Ajoutez la description de la société polonaise, de sa corruption, (qui ressemble fort à la nôtre par bien des aspects), et celle des conséquences de notre addiction à internet et de notre utilisation d’une technologie à laquelle, pour la plupart d’entre nous, nous ne comprenons rien et que donc nous ne maîtrisons absolument pas.

Au final vous avez un polar divertissant et instructif. Et joie, la suite est déjà annoncée, on retrouvera Julita.

Jakub Szamalek / Tu sais qui, (Cokolwiek wybierzesz, 2019), Métailié (2022) traduit du polonais par Kamil Barbarski.

9 réflexions au sujet de « Tu sais qui »

  1. Michèle PAMBRUN

    Ravie de trouver cette chronique. Je me proposais justement d’acheter ce titre parce que l’auteur vient aux Noires de Pau début octobre.
    Merci

    Répondre
  2. Michèle Pambrun

    Une belle rencontre avec Jakub Szamalek et Zygmunt Miloszewski, accompagnés de leur traducteur commun Kamil Barbarski, et d’un modérateur (dont – honte à moi- je n’ai pas retenu le nom), à la Médiathèque Louis-Aragon à Tarbes, dans le cadre des Noires de Pau.
    Jakub Szamalek a dit que son intention (outre celle d’apporter un plaisir de lecture) était d’intéresser les connaisseurs en informatique, sans perdre ceux qui n’y connaissent pas grand-chose.
    Auteur (pas seul) du jeu vidéo « The Whitcher », développé par le studio polonais CD Projekt RED, Jakub Szamalek s’est entouré, comme tout bon auteur de polars, de professionnels compétents et a lui-même beaucoup travaillé dans les eaux nouvelles et inconnues de ce qu’on appelle toujours les nouvelles technologies. Il n’est pas allé jusqu’à écrire lui-même le morceau de code informatique utilisé dans un chapitre, mais son travail a consisté à rendre le plus fluide possible des données techniques obscures à la plupart des utilisateurs du Net.
    Regret de n’avoir pas lu Zygmunt Miloszewski avant la rencontre, mais bon.
    En tout cas, à une lectrice qui a demandé à Jakub Szamalek s’il avait aidé son confrère Zygmunt Miloszewski dans l’un de ses livres où ce dernier évoquait le dark net, Jakub a répondu en riant que non, parce que chez Zygmunt Miloszewski, les opérations de dark Net se faisaient par une sorte de « magie » et pas du tout scientifiquement 🙂

    Répondre
  3. Michèle Pambrun

    Si je n’ai pas retenu le nom du modérateur, c’est tout simplement parce qu’il m’était inconnu, que son nom n’a été donné qu’une fois et qu’aucune indication écrite n’accompagnait sa prestation. Il a fait un travail énorme dans la plus grande modestie.

    Répondre
  4. Meyer Meyer

    J’ai bien fait de me laisser tenté. Un très bon polar dans lequel j’ai appris plein de trucs informatiques auxquels je n’ai pas tout compris (comme l’héroïne !). Décidément le polar polonais nous réserve de très belle surprises. Un livre qui se dévore. Vivement la suite que tu nous annonces.

    Répondre
    1. actudunoir Auteur de l’article

      Nous sommes d’accord. Et heureusement, ce n’est pas que moi qui l’annonce, la fin du roman est quand même très clairement ouverte à une suite. Vivement !

      Répondre

Laisser un commentaire