La femme du deuxième étage

Après L’eau rouge, revoilà Jurica Pavičić : La femme du deuxième étage.

Bruna est en prison. Elle termine de purger une peine d’une douzaine d’années pour meurtre. Comme le dit la seule amie qui vient la voir de temps en temps, tout aurait été différent si elles n’étaient pas allées à cette fête d’anniversaire. Celle où Bruna a rencontré Frane, beau marin qui va devenir son mari. Et l’amener à cohabiter avec sa belle-mère Anka.

C’est ce soir-là que tout a commencé. Et bientôt une page va se tourner avec la sortie de prison de Bruna.

Ce qui impressionne dans ce roman, c’est comment au travers d’une histoire très intime, limitée à quelques personnages, centrée sur celui d’une jeune femme en prison, l’auteur arrive à en dire autant sur l’état et l’évolution de son pays. Sans jamais, bien au contraire, négliger de nous passionner pour le sort de Bruna, dont la vie est pourtant pour le moins étriquée et répétitive.

Quand on y repense, une fois le roman refermé, la richesse de thématiques et la finesse avec lesquelles elles sont abordées sont assez époustouflantes. Relation familiale toxiques, lâcheté, enfermement domestique, fragilité de ceux qui vivent de leur travail, évolution du capitalisme en Croatie, bouleversement du tourisme, peur du vieillissement … et j’en oublie.

Et tout cela au travers de la seule « petite » histoire d’une jeune femme en prison, sans grand coup de théâtre, sans grande scène dramatique, par petites touches qui nous rendent Bruna aussi proche que si elle vivait à côté de nous.

Chapeau l’artiste.

Jurica Pavičić / La femme du deuxième étage, (Žena s drugog kata, 2015), Agullo (2022) traduit du croate par Olivier Lannuzel.

13 réflexions au sujet de « La femme du deuxième étage »

  1. Ortiz

    C’est intéressant. J’ai très peu lu de romans Croates.
    C’est peut-être l’occasion de découvrir à travers l’histoire de cette femme,cette région où chacun vit encore en fonction d’une tradition.
    C’est noté.

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  2. Françoise

    J’avais beaucoup aimé « L’Eau rouge », donc je me suis jetée sur celui-ci. Et qu’est-ce que je me suis ennuyée. Heureusement qu’il n’est pas long, sinon je ne serais pas arrivée au bout. Pour moi l’écriture est tellement détachée que je n’ai jamais pu rentrer dans l’intrigue, si on peut parler d’intrigue. Bien sûr, si on s’intéresse à la cuisine croate, c’est sûrement passionnant, mais sinon on a l’impression d’être dans un brouillard uniformément gris et d’où n’émerge jamais la moindre émotion. Un seul mot pour résumer : ennui.

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  3. Meyer Meyer

    Je viens de le terminer et j’ai vraiment beaucoup aimé. Quel beau film cela ferait ( je vois bien Cécile de France dans le rôle de Bruna). Il ne se passe pas grand chose mais c’est passionnant. J’ai adoré l’écriture avec toutes les redites. Je recommande fortement.

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