Les doigts coupés

Les romans d’Hannelore Cayre sont rares et précieux. Ils sont toujours originaux. C’est encore le cas avec Les doigts coupés.

De nos jours. En creusant pour construire une piscine du côté de la Vézère (Dordogne), le pelliste met à jour une grotte contenant des ossements. Adrienne Célarier voit là l’occasion d’une découverte qui va révolutionner la paléontologie, et accessoirement sa carrière.

Quelques 35 000 ans auparavant, au même endroit, une jeune sapiens ne comprend absolument pas pourquoi, alors qu’elle est aussi adroite que les hommes de son clan, et sans doute beaucoup plus intelligente, elle n’aurait pas le droit de chasser et serait cantonnée à la cueillette. Ce qui, au passage la condamne à ne manger de la viande que quand les hommes et leurs préférées se sont déjà gavés.

On ne peut pas reprocher à Hannelore Cayre de ne pas se renouveler. Ce qui ne change pas d’un roman à l’autre, c’est le côté incisif de l’écriture, l’humour parfois vache et le regard affuté sur nos contemporains, et ici nos ancêtres.

Elle réussit parfaitement le mélange entre une érudition jamais pédante qui nous apprend beaucoup sur la période où Neandertal et Sapiens se sont côtoyés, et un conte philosophique qui mêle des thématiques très actuelles à une situation vieille de plus de 30 000 ans. Sans oublier quelques piques gentilles mais acérées sur le monde de la recherche très actuel.

Certes l’affichage « roman noir préhistorique » est un peu mensonger tant la part intrigue policière est tenue. Conte philosophique préhistorique ? Roman d’apprentissage préhistorique ? Auraient été plus adaptés. Donc amateurs exclusifs de whodunit ou de thrillers survoltés, vous pouvez passer votre chemin. Pour les autres, le résultat est intelligent, fin, instructif et drôle. Que demander de plus ?

Hannelore Cayre / Les doigts coupés, Métailié/Noir (2024).

6 réflexions au sujet de « Les doigts coupés »

  1. je lis je blogue

    J’ai beaucoup apprécié ce roman aussi. On apprend beaucoup sans que cela soit pesant. Au contraire, il y a beaucoup d’humour. Le roman est intelligemment construit. Faire alterner la narration entre période contemporaine (la paléontologue) et la préhistoire (Oli) permet d’introduire les thèses scientifiques sans nuire au récit.

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