Des dangers de l’écriture

C’est encore mou côté polars donc j’alterne bouquins en retard et livres de la rentrée. Là c’est la rentrée chez Super 8 avec Le contrat Salinger d’Adam Langer.

langerAdam Langer est un ancien journaliste devenu homme au foyer : La revue où il publiait des portraits d’auteurs a coulé, il a écrit un unique livre puis suivi sa femme dans la ville de province où elle attend un poste de titulaire, dans une petite université.

Un jour il croise par hasard Conner Joyce, auteur de thrillers à succès dont il avait fait le portrait. Etonnamment, dès le lendemain, Conner le rappelle : Alors que ses livres se vendent de moins en moins, il a été contacté par un mystérieux mécène qui lui propose un contrat : écrire, pour une somme rondelette, un roman dont il sera le seul lecteur. L’homme est collectionneur et se vante d’avoir des manuscrits uniques de tout ce que les lettres américaines comptent de grands noms. Pour une raison étrange, Conner Joyce veut avoir l’avis de Langer, qui lui conseille d’accepter … puis oublie l’affaire.

Jusqu’à ce que Conner le rappelle, les choses ont pris une tournure inquiétante.

Voilà un bon roman pour attaquer la rentrée. Pas de quoi crier au chef-d’œuvre, mais un excellent moment de lecture.

Passons rapidement sur les petits défauts : J’aurais bien aimé que le « méchant » reste plus menaçant et inquiétant jusqu’à la fin (je n’en dit pas plus pour ne rien déflorer de l’intrigue), et les parties de castagne (très rares) ne sont pas complètement convaincantes.

Pour le reste, l’idée est excellente et elle est parfaitement exploitée. Elle ne peut bien entendu que séduire les lecteurs compulsifs que nous sommes. Dans le développement de l’histoire l’auteur fait preuve d’une très grande habileté, abattant ses cartes et dévoilant ses coups de théâtre de façon diablement efficace. Jusqu’aux derniers retournements.

En prime, il dresse un portrait acéré et gentiment ironique du monde de l’édition, du quotidien de l’écrivain en tournée et de la vie d’un universitaire dans une petite ville. Tout cela sent le vécu et sonne très juste, sans que la charge l’empêche de faire preuve d’une certaine tendresse pour ses contemporains, malgré (ou à cause ?) de leurs faiblesses.

Un vrai plaisir de lecture.

Adam Langer / Le contrat Salinger (The Salinger contract, 2013), Super 8 (2015), traduit de l’anglais (USA) par Emilie Didier.

7 réflexions au sujet de « Des dangers de l’écriture »

  1. Françoise

    J’ai fait un calcul, à la louche, de ce que j’aurais dépensé si j’avais dû acheter tout ce que j’ai lu depuis le début de l’année et… je me dis que c’est vraiment très bien les bibliothèques (surtout quand, comme moi, on y travaille et qu’on s’occupe de polar, c’est sûr !). 😉

    Répondre

Laisser un commentaire