Pas de repos pour Parker

Je suis un grand fan de John Connolly et de Parker, je ne pouvais pas rater le dernier : Le chant des dunes.

ConnollyCeux qui suivent les aventures de Charlie Parker, le privé très dur à cuire de John Connolly savent qu’il a salement dégusté. Aidé de Louis et Angel, ses deux potes (pas très recommandables), il s’installe à Boreas, petite ville balnéaire du Maine. Même si tout le monde n’est pas enchanté de voir débarquer un homme qui attire systématiquement les ennuis, il compte bien se reposer et récupérer petit à petit.

Jusqu’à ce qu’un cadavre vienne s’échouer sur la plage de Boreas. Et que non loin une famille soit massacrée. Et que sa voisine, seule avec sa fille, semble avoir peur de quelqu’un, ou quelque chose … Décidément, il n’y a pas de vacances possibles pour Charlie et le mal est partout.

Quel putain de conteur que ce John Connolly ! Dès les premiers paragraphes on est ferré, dans l’ambiance, sous le charme. En quelques pages, alors qu’il ne s’est encore rien passé, en trois dialogues avec Louis en Angel on est foutu, accroché, suspendu au bout de sa ligne.

Roman après roman il construit une œuvre unique, arrivant à mêler l’humour des dialogues avec la noirceur absolue du mal individuel et collectif, une œuvre pimentée de pointes de fantastique qui lui donnent une saveur et une profondeur très particulière sans que jamais il ne cède à la facilité d’utiliser ce fantastique pour se sortir d’impasses narratives.

Je comprends qu’on puisse être gêné par ce parti pris, moi j’adore ça, et je prends autant de plaisir à suivre la lutte encore mystérieuse entre Parker et « les autres » qui court d’un roman à l’autre que chaque intrigue individuelle.

Et quel autre auteur est donc capable de nous faire rire (avec deux ou trois scènes d’anthologie avec Louis et Angel ou les deux frères monstrueux qui aident parfois Charlie), de nous émouvoir aux larmes ou de nous faire frémir d’horreur, tout cela dans le même roman ?

Cerise sur le gâteau, en plus de nous divertir et de nous secouer, il se permet le luxe d’évoquer des thèmes qu’on ne manipule pas si facilement … Il y a eu les traumatismes de la guerre, le fanatisme religieux, cette fois c’est la Shoah et les circuits qui ont permis à nombre de criminels nazis d’échapper au jugement et de se réfugier aux US.

Bref, lisez tout John Connolly, sauf si vous êtes résolument et définitivement allergique au mélange des genres et au fantastique. Mais ce serait dommage.

John Connolly / Le chant de dunes (A song of shadows, 2015), Presses de la cité/Sang d’encre (2016), traduit de l’anglais (Irlande) par Jacques Martichade.

5 réflexions au sujet de « Pas de repos pour Parker »

  1. Diego

    Pas de baisse de régime pour Connolly. Ce dernier Parker est encore une fois excellent. Et cette touche de fantastique…….j’adore!!! Dans d’autres mains ça pourrait tourner au ridicule mais chez Connolly c’est beau, c’est inquiétant, parfois terrifiant mais à la fois émouvant. D’accord avec toi Jean Marc, ce serait dommage de passer à côté des bouquins de la série Parker. Sacré écrivain ce Connolly.

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