Chroniques de Glasgow

En quelques romans Malcolm Mackay s’est imposé comme une des voix originales du polar grand-breton. On se demandait si Ne reste que la violence terminait la série consacrée à Glasgow. Et bien non, ça continue avec L’enfer est au bout de la nuit.

A Mathematician (?)Jamieson, un des chefs les plus influents de la pègre de Glasgow est en prison. Ce qui ouvre la porte à toutes les tentatives de prise de pouvoir. Nate Colgan, son cogneur le plus respecté est chargé de veiller à ses intérêts, ainsi qu’à la sécurité de toute l’organisation. Quand un dealer est assassiné par des « étrangers » venus d’Angleterre, la question est de savoir qui les a fait venir.

En plus de sa présence très intimidante, Nate Colgan va devoir faire marcher son cerveau, et peut-être va-t-il être obligé de franchir une limite qu’il s’était interdit de passer. Pour compliquer sa situation, Zara Cope, la mère de sa fille dont il n’avait plus de nouvelles depuis des années est de retour en ville …

Malcolm Mackay continue sa chronique de l’entreprise du crime à Glasgow. Il change de personnage (forcément, c’est une boite où il y a du turnover !), du coup change le point de vue, mais pas la description froide de la pègre locale. On est ici dans une entreprise comme une autre. Presque comme une autre. Il y a les différentes unités, spécialisées dans tel ou tel produit, les spécialistes des achats (de flingue par exemple), ceux qui vendent, les pros des comptes (du blanchiment en fait), le responsable sécurité, ceux qui sont dans les bureaux et ceux qui produisent. Il y a des réunions de management, des rivalités internes, et dès qu’il y a une faiblesse, une boite extérieure vient tenter de piquer des parts de marché.

Comme une boite privée, avec les mêmes enjeux, les mêmes mécanismes et la même finalité : faire le plus de fric possible. Seule la sanction en cas d’échec ou de manquement est différente !

Nate Colgan est un personnage qui amène une épaisseur et une chaleur à la description : contrairement aux personnages précédents, c’est un réservoir de colère toujours prêt à exploser, mais c’est aussi le plus fragile, malgré son imposante carcasse, parce qu’il s’est fixé des limites que les tueurs n’ont pas, et parce qu’il est affaibli par sa relation avec sa fille et même avec son ex. Affaibli, et humanisé, et j’ai même dénoté une pointe d’humour. Noir l’humour, mais humour quand même.

Toujours aussi intéressant mais toujours déconseillé à ceux qui veulent de l’action à toutes les pages et du flamboyant. Froid, clinique, implacable … passionnant et de plus en plus humain.

Malcolm Mackay / L’enfer est au bout de la nuit (Every night I dream of Hell, 2016), Liana Lévi (2016), traduit de l’anglais (Ecosse) par Fanchita Gonzalez Battle.

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