Nos vies en flamme

En peu de temps David Joy est devenu un auteur dont on attend impatiemment chaque nouveauté. Nos vies en flamme, son quatrième roman confirme son talent.

Ray Mathis est retraité et veuf. Il vit dans les Appalaches, là où il est né et a toujours vécu. Autour de lui, cet été là, les pompiers n’arrivent pas à éteindre les feus qui ont pris un peu partout. Mais une autre catastrophe ravage le pays : une épidémie de drogues, cachets, cristaux, héroïne, qui dévaste une jeunesse tentant d’échapper à la misère, à la souffrance et au manque d’avenir.

Quand un dealer menace la vie de son fils, même si depuis que c’est un junkie leurs relations sont pour le moins distantes, Ray décide qu’il ne peut plus rester sans rien faire. Et même si le combat semble trop déséquilibré, ce sera toujours mieux que de voir son monde disparaître sans bouger.

David Joy est un citoyen en colère. La postface, un article qu’il a écrit en 2020 « Génération opioïdes » explicite cette colère tout en éclairant le point de départ de ce nouveau roman. Mais comme il n’est pas un seulement un citoyen mais également un écrivain, et un bon, il tire de cette colère un très bon roman noir, sombre, seulement éclairé, non pas par les flammes des feux de forêts, mais par un moment de solidarité avec la fille d’un vieil ami, le souvenir de moments de pêche, ou le face à face fugace avec un coyote.

Pour le reste, on est bien chez David Joy, au ras de la terre, chez les gens ordinaires qui refusent de baisser la tête. Ce n’est jamais manichéen, c’est rugueux, ça sonne juste et vrai. On ne peut qu’être touché par la force et le désarroi de Ray, incapable de guérir son fils de sa dépendance, en colère contre sa faiblesse et en même temps touché par son désespoir. On sent son impuissance, son mélange de rage et d’amour.

Des sentiments et des paroles simples et fortes, que l’auteur nous fait ressentir et entendre avec cette apparente facilité et évidence qui est le résultat de beaucoup de talent et beaucoup de travail. Touché au cœur une fois de plus.

David Joy / Nos vies en flamme, (When these mountains burn, 2020), Sonatine (2022) traduit de l’anglais (USA) par Fabrice Pointeau.

3 réflexions au sujet de « Nos vies en flamme »

  1. rationsdevie

    Bonjour. Viens de finir ce David Joy. Ca claque et c’est dur ! Les mots de Joy frappent comme des coups de poings. La mort qui cogne sur le ring de la vie jusqu’au dernier gong. Comme c’est déprimant…
    J’ai préféré « Ce lien entre nous » du même auteur. Encore merci pour tes partages de lectures.

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