Les choses que nous avons vues

Je découvre une nouvelle maison d’édition, le bruit du monde, avec une romancière hollandaise, Hanna Bervoets et son court texte Les choses que nous avons vues.

Kailegh écrit à l’avocat qui va défendre ses collègues qui attaquent la plateforme pour laquelle ils travaillaient tous. Elle ne souhaite pas se joindre à l’action judiciaire, mais est d’accord pour raconter ce qu’il s’est passé pendant ses mois de travail comme modératrice. Comment elle était chronométrée et surveillée pendant qu’elle devait décider si un contenu était ou non contraire aux règles de la plateforme. Et visionner heure après heure toutes les horreurs du monde. C’est aussi son histoire d’amour avec Sigrid qu’elle raconte.

J’ai un reproche à faire à ce roman, malgré l’effet saisissant de sa lecture. Hanna Bervoets choisit de raconter son histoire sous la forme de réponse à une demande d’un avocat qui défend les employés de la plate-forme. Pourquoi pas. Mais cette défense des employés n’est utilisée que comme prétexte narratif. On ne saura pas pourquoi, ni par qui elle a commencé, on n’en connaitra ni les raisons, ni l’aboutissement, et je n’ai pas non plus compris pourquoi la narratrice ne souhaite pas s’y associer. Pour finir j’ai été un peu gêné par la fin qui m’a laissé … sur ma faim. Cela m’a donné l’impression que la romancière (j’attends que quelqu’un, quelque part, décide entre autrice, auteure … sinon je passe à l’espagnol autora), savait très bien ce qu’elle voulait raconter mais a eu du mal à trouver la bonne forme.

Ceci dit, c’est saisissant, et salutaire. J’avoue que je ne m’étais jamais posé la question du quotidien de ces travailleurs cachés, qui passent leurs journées à visionner des tombereaux d’insanités pour les modérer. Jamais interrogé sur leur quotidien, sur l’effet que cela pouvait avoir sur leur vie privée, sur leur santé mentale. Et c’est effarant. Et très bien conté, une fois passé le problème cité ci-dessus.

A lire donc, malgré ma réserve sur la structure de la narration.Hanna Bervoets / Les choses que nous avons vues, (Wat wij zagen, 2021), Le bruit du monde (2022) traduit du néerlandais par Noëlle Michel.

4 réflexions au sujet de « Les choses que nous avons vues »

  1. vincent cadet

    Avez vous lu « s’adapter ou mourir » d’Antoine Renand? C’est une fiction mais l’atmosphère est oppressante…

    Répondre

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