Il y a peu j’ai enfin lu Zygmunt Miloszewski, et je vous avais promis de lire le suivant : Un fond de vérité. C’est chose faite. J’attends maintenant le troisième avec impatience.
Revoici Teodore Szacki, le procureur rencontré dans Les impliqués. Sa vie a complètement dérapé, il a divorcé et quitté Varsovie pour venir s’enterrer dans la très belle mais très provinciale et très calme ville de Sandomierz, où il ne se passe … rien. Alors Teodore déprime. Jusqu’à ce qu’on découvre le cadavre d’une femme, nue, égorgée au moyen d’un étrange coupe-coupe qui se révèle être un couteau utilisé par les rabbins pour tuer les bêtes de telle sorte que la viande soit casher.
Teodore se heurte à deux difficultés : Il ne connaît pas les gens de cette petite ville et du coup personne ne lui parle franchement. Et il doit affronter une hystérie antisémite grandissante, dans une ville au passé récent fort peu glorieux. Raison de plus pour ne rien lui dire, à lui l’étranger venu de la grande ville.
Lorsque le cadavre du mari de la première victime est trouvé, lui aussi macabrement mis en scène, la situation dérape.
C’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé ce Teodore Szacki, qui pourtant, a priori, n’est pas la personne la plus sympathique au monde ! Un poil arrogant, parfois méprisant, content de lui … Et pourtant on ne peut s’empêcher de bien l’aimer. Parce qu’il est lucide sur lui-même et sur ses semblables, parce qu’il ne fait pas semblant, parce qu’il doute parfois, et parce qu’il appelle un chat un chat, et un abruti un abruti, sans se préoccuper de sa carrière. C’est le premier succès de cette série, avoir créé un personnage qu’on a eu tout de suite envie de revoir.
Mais ce n’est pas le seul. Le style est très plaisant. L’auteur (et le personnage) manient à merveille l’humour noir et grinçant et l’écriture est alerte et vive, donnant du rythme au récit. Un récit parfaitement maitrisé qui sait alterner construction de l’énigme, moments de suspense et coups de théâtres.
Pour finir, comme dans le premier volume, le roman est l’occasion pour l’auteur de revenir sur quelques belles saloperies de son pays, et de montrer que si elles ont eu lieu dans le passé, tout n’est pas terminé. C’est ici l’antisémitisme qui est au centre du propos. Zygmunt Miloszewski ne fait aucun cadeau à son pays, les horreurs de la guerre, d’avant la guerre et même d’après la guerre remontent à la surface. Le roman est aussi l’occasion de montrer que même aujourd’hui, la bêtise malfaisante reste vivace. La grande force de l’auteur étant de décrire tout cela sans jamais être larmoyant ni tomber dans le discours moralisateur et sans que jamais son personnage se départisse de son humour très noir et grinçant.
Un vrai plaisir, qui vient s’ajouter aux autres et fait de ce Fond de vérité un excellent polar, qui confirme le talent révélé par un premier roman très réussi. J’attends donc la suite avec impatience.
Zygmunt Miloszewski / Un fond de vérité (Ziarno prawdy, 2014), Mirobole (2014), traduit du polonais par Kamil Barbaski.
Ça me fait un peu penser à l’ambiance de ces polars scandinaves avec tous ces auteurs qui sont un jour arrivés chez nous pour nous dire à quel point tout est pourri au royaume du Danemark ‘et ailleurs). Sauf que nous avions une image plutôt positive de la Scandinavie alors que pour la Pologne, l’image n’est déjà pas très scintillante…
J’y trouve quand même un peu plus d’humour que dans les polars scandinaves, Thorarinsson mis à part.
Je le veux aussi !! J’avais eu un coup de coeur pour le premier et j’attends impatiemment de mettre la main sur le second volet 😉
Il est aussi bien, sinon mieux que le premier.
Alors, je vais me régaler !! Oui, je l’ai !! 😉
Bonne lecture alors.
Merci !
Jean-marc je suis d’accord avec ta chronique néanmoins je suis surpris que le mobile des meurtres ne t’ai pas fait tiqué : j’ai trouvé ça très léger.
ma chronique : http://www.polars-addict.com/polars/critiques/miloszewski-zygmunt.html
Clément
Non, le mobile est très classique et ne m’a pas choqué, si quelque chose devait me faire douter, cela aurait été plutôt la mise en scène très alambiquée du premier. Mais finalement, ce n’est pas ça le plus important …
J’ai acheté le premier samedi aux QDP; plus qu’à lire parce que du coup j’ai fait du stock !
J’imagine que tu es revenue avec un sac bien rempli !
J’ai été très modérée ( bien obligée ! ) mais ce fut une torture ! Et puis comme je ne lis pas que du polar, je garde une cagnotte pour autre chose ! Je suis très en retard dans tout ce qui m’attend. Tu n’es pas venu à Lyon, toi ?
Je ne vais pas à Lyon. Entre le boulot, les activités des gamis (nombreuses !), il faut faire un choix. C’est donc, Toulouse Polars du Sud (puisque je suis sur place), quelques activités littéraires à Toulouse, et la musique avec les copains. Avec ça, je grille complètement mon quota !
je ne connais pas Toulouse, j’y ai un neveu que j’aime beaucoup, j’espère bien aller voir cette ville un de ces jours, peut-être alors lors de ce Toulouse Polars du Sud !
Autour du 10 octobre alors !
Un sujet qui m’intéresse. Si je lis directement celui-là sans avoir lu le premier cela ne me manquera pas ?
Non, on peut vraiment lire le second sans avoir lu le premier.
J’avais aimé le 1er , j’ai adoré le second. Pour Agnès, je conseil quand même de lire le 1er d’abord pour voir let comprendre le comportement du personnage principal. Contrairement à Clément, je trouve le mobile très plausible (classique comme dit Jean-Marc). Le personnage du procureur est vraiment très réussi. Une bonne intrigue incluse dans des faits réels (j’ai vérifié sur Google !) la ville existe elle est très belle, les tableaux antisémites dans l’église aussi…Je suis comme Jean-Marc j’attends avec impatience le 3e et le 4e etc.
Moi aussi j’ai préféré le second, et il me tarde de voir ce que donne la suite.