Thomas H. Cook autour du monde

Un nouveau roman de Thomas H. Cook, c’est toujours une bonne nouvelle. Avec Le crime de Julian Wells, l’auteur change (un peu) de registre.

CookUn soir Julian Wells, écrivain d’une cinquantaine d’années, monte dans sa barque, rame jusqu’au milieu de l’étang de sa propriété et s’y ouvre les veines. Sa sœur Loretta et son ami le critique littéraire Philip Anders, commencent alors à s’interroger sur les raisons d’un tel acte. Julian Wells avait écrit sur les pires atrocités commises dans le monde et côtoyé, littérairement, les pires monstres, en se mettant toujours du côté des victimes.

Mais, visiblement, juste avant son suicide il s’intéressait à l’Argentine, où il avait voyagé avec Philip, au temps de la sale guerre. Ils étaient revenus très marqués par la disparition soudaine de leur guide, Marisol. Une disparition dont Julian, de façon inexplicable, pourrait se sentir coupable des dizaines d’années plus tard ? La recherche de la vérité va faire sortir Philip de son bureau, sur les traces des enquêtes de son ami.

Le crime de Julian Wells est un roman à la fois typique de Thomas H. Cook et différent de ceux que l’on a pu lire ces dernières années.

Typique parce que l’on retrouve des thématiques très présentes dans ses polars : les relations père-fils, les secrets inavouables, les non-dits. Typique parce qu’on retrouve la finesse de son écriture, sans grands effets apparents mais si juste pour décrire la tristesse, le sentiment d’oppression, le doute. Typique aussi par la tendresse tout en retenue pour ses personnages et la délicatesse avec laquelle il explore leurs traumatismes.

Mais différent parce qu’il sort des huis-clos de ses derniers romans, voyage dans le monde entier à la manière d’un thriller, et s’interroge sur la responsabilité d’un homme, non pas face uniquement à sa famille ou sa communauté, mais face à l’état du monde. Sur sa responsabilité, sur l’envie d’héroïsme, sur la relative naïveté de cette posture et son inefficacité contre le cynisme du mal, et même sur les impacts négatifs et parfois dramatiques qu’elle peut avoir, à son corps défendant.

Cette enquête sur le supposé crime (nous verrons au final ce qu’il en est) de Julian Wells, si elle est peut-être moins émouvante que ses derniers romans (dont certains m’avaient totalement bouleversé), est passionnante et Thomas H. Cook prouve une fois de plus qu’on peut accrocher le lecteur, le faire douter ou trembler sans avoir recours à des serial killers, des étripages ou des flots de sang. Il suffit d’écrire juste et de toucher au cœur. La marque des grands.

Thomas H. Cook / Le crime de Julian Wells (The crime of Julian Wells, 2012), Seuil/Policiers (2015), traduit de l’anglais (USA) par Philippe Loubat-Delranc.

12 réflexions au sujet de « Thomas H. Cook autour du monde »

  1. Tasha

    Oh la la, j’ai très envie de le lire celui-là! Mais tu m’as tentée aussi avec le Rearden dans ton précédent billet… et je suis dans le Lansdale, qui me plaît énormément.

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  2. Françoise

    À lire aussi « Le Dernier message de Sandrine Madison ». D’habitude pas fan des « romans de prétoire », mais là les allers-retours dans le passé sont écrits avec une telle finesse qu’on se laisse prendre complètement. C’est parfaitement ciselé et en même temps porteur d’émotion et de réelle sensibilité.

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    1. actudunoir Auteur de l’article

      Parfaitement ciselé, plein de finesse, émotion et sensibilité … C’est bien la marque de fabrique de Thomas Cook qui est vraiment un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Ceux qui connaissent sont fans.

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  3. Françoise

    J’en suis à un peu plus de la moitié. C’est drôle, je crois que tu n’es pas le premier à dire que cette enquête est moins émouvante et moi je ne trouve pas du tout. En tout cas, je suis captivée et je ne peux que le conseiller vivement (ça tombe bien, c’est mon métier^^) !

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