Contre la barbarie ? Walt Longmire.

J’avais besoin d’humanité, d’amitié, de souffle et de chaleur. Paradoxalement, cette chaleur on la trouve dans l’hiver glacial de Steamboat de notre cowboy préféré : Craig Johnson.

couv rivireSoir de Noël, Walt Longmire s’apprête à quitter son poste quand arrive une jeune femme, visiblement très émue, qui demande à rencontrer Lucian Connally, l’ancien shérif. Bien qu’elle refuse de dire son nom et la raison de sa visite, Walt l’accompagne à la maison de retraite où il avait, de toute façon, l’intention de se rendre.

Sur place, la jeune femme ne dit qu’un mot : Steamboat. Un mot qui les ramène à une autre nuit de Noël, plus de vingt ans auparavant, en 1988, l’année du premier Noël de Walt comme shérif.

Ce n’est pas un roman, ce n’est pas non plus une nouvelle, c’est entre les deux. Ce n’est pas non plus un polar, plutôt une novella d’aventure. Mais on s’en fout, ça fait chaud au cœur. En attendant le prochain « gros » roman, aucun bouquin ne pouvait mieux tomber que celui-là.

Qui nous raconte magnifiquement une histoire comme on en lisait quand on était gamins. Une histoire de lutte contre les éléments, d’hommes (hommes au sens êtres humains, OK ? il y a aussi des femmes dedans) qui se serrent les coudes, qui balancent de grosses vannes quand tout va mal, et qui quand le boulot est fait, vont boire un coup pour évacuer la tension.

Et puis il y a cette réponse, si simple, si évidente et pourtant si importante de Walt à quelqu’un qui refuse de risquer sa vie, et lui demande pourquoi il fait ça : « c’est une question de ce qu’on doit faire, et comment continuer à vivre si on ne le fait pas ». Et ça aussi, ça fait du bien de le lire ces jours-ci … Parce qu’il y a des gens, des français, qu’on présente souvent comme de plus en plus égoïstes, individualistes, superficiels … Qui sont sortis de chez eux vendredi soir pour aider un blessé, qui ont ouvert leur porte pour accueillir un inconnu.

Bien sûr, Craig Johnson nous parle d’héroïsme romanesque, d’héroïsme hollywoodien, un héroïsme à la Gary Cooper, ou Kirk Douglas. Et c’est un conteur hors pair qui vous embarque dans sa galère (ou ici son avion) comme si vous y étiez, il arrive à vous faire vibrer, sourire et pleurer en même temps, il raconte des personnages à la fois tellement proches et tellement plus grands que ceux qu’on rencontre quotidiennement.

Mais vendredi, pleins d’anonymes, d’inconnus dont personne n’écrira l’histoire ont dû, sans même y réfléchir se dire que « c’est une question de ce qu’on doit faire, et comment continuer à vivre si on ne le fait pas ». Pleins d’anonymes qui retourneront peut-être à une vie insouciante, avec qui peut-être demain je ne serai d’accord sur rien ou presque, peut-être même que je les trouverai insupportables, mais vendredi soir ils ont été des Walt Longmire l’espace de quelques instants.

C’est à eux que je veux dédier cette lecture.

Et c’est pourquoi Craig Johnson est grand.

Craig Johnson  / Steamboat (Spirit of steamboat, 2012), Gallmeister (2015), traduit de l’anglais (USA) par Sophie Aslanides.

18 réflexions au sujet de « Contre la barbarie ? Walt Longmire. »

  1. La Feuille

    Je l’ai lu d’une traite. C’est une belle histoire de Noël, très bien racontée. J’approuve ! Je reste un fan de Craig Johnson… Merci à ce blog de m’avoir fait découvrir aussi Don Rearden dont je viens de terminer le premier roman, excellent.

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  2. ASLANIDES Sophie

    Merci pour ce texte, merci infiniment. « Spirit of Steamboat », l’esprit de Steamboat… À tous les héros de notre temps, de ces derniers temps. Pour qui agir avec altruisme et générosité est une évidence, un essentiel. Merci à eux, et merci à vous.

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