Un des premiers Ron Rash

Vous avez déjà lu un peu partout tout le bien qu’il fallait penser du dernier roman de Ron Rash traduit en France : Le chant de la Tamassee. Est-ce une raison pour ne pas ajouter mon grain de sel ? Non. Le voici donc.

RashLe comté d’Oconee, entre le Caroline du Sud et la Géorgie, ses montagnes, sa rivière sauvage protégée comme un espace naturel intouchable : la Tamassee. Jusqu’à ce que le petite Ruth Kowalski, douze ans, se noie et reste coincée sous le ressaut d’une cascade. Impossible pour les sauveteurs locaux de sortir le corps de là.

Le père, un homme d’affaire de l’Illinois, décide de faire appel à des spécialistes capables de détourner, momentanément, le lit d’une rivière. Un conflit éclate alors entre les écologistes locaux qui, s’appuyant sur le décret de protection, refusent que l’on touche à la rivière, la famille de Ruth qui a de puissants appuis politiques, et les habitants de cette zone montagneuse qui connaissent bien la rivière mais que tout le monde traite comme des ploucs.

C’est dans ce contexte que Maggie Glenn, jeune photographe originaire de l’Oconee va être envoyée avec un collègue journaliste couvrir l’affaire qui est en train de prendre un tour national. Pour Maggie, plus qu’un simple travail, c’est le retour vers son village et son père avec qui elle n’a pas réglé tous ses comptes. Tout est en place, le grand cirque médiatique peut commencer.

Est-ce que je suis d’accord avec tout ce qu’on peut lire ici ou là sur ce vieux Ron Rash (puisqu’il a été écrit en 2004, bien avant certains autres déjà traduits) ? Oui. Oui bien sûr, et pour les raisons évoquées ailleurs : Très belles descriptions d’un coin de montagne perdu. Des personnages qui sont tous respectés, sans caricature et sans outrance, chacun dans son humanité. Des personnages qui évoluent, et sur lesquels notre regard évolue, au fur et à mesure qu’ils se révèlent. Un conflit complexe que l’auteur ne simplifie jamais, et pour lequel il sait parfaitement exposer, sans discours pénible mais avec une grande justesse et beaucoup d’émotion et d’empathie les intérêts et les valeurs des uns et des autres.

C’est d’ailleurs tellement bien fait que le lecteur, comme le personnage de Maggie, peut être amené à changer d’avis au cours de sa lecture, et je ne suis pas du tout certain que nous finissions tous avec en tête avec la même idée de ce qu’il aurait fallu décider. Ce qui, il faut l’avouer, est très fort.

Juste une remarque, même avec toutes ces qualités, ce n’est pas mon Ron Rash préféré. Serena et Une terre d’ombre ont, me semble-t-il, plus de force, ils m’ont davantage secoué et mis les tripes à l’envers. Peut-être parce qu’il mettent davantage en scène la méchanceté, la mesquinerie et le pouvoir de nuisance … Mais je dois aussi dire que ce sont deux romans que je place très très haut dans mon panthéon littéraire (tout petit panthéon).

Et il faut lire Le chant de la Tamassee.

Ron Rash / Le chant de la Tamassee (Saint at the river, 2004), Seuil (2016), traduit de l’anglais (USA) par Isabelle Reinharez.

9 réflexions au sujet de « Un des premiers Ron Rash »

  1. Simone

    oui, je suis d’accord avec toi. Quoi qu’il en soir, Rash est au-dessus du lot, et comme toi, Serena ( moins Une terre d’ombre, mais quand même ! ) est un très très grand bouquin,avec cette femme glacée sur son cheval, le faucon au poing…et tout ce peuple du bois, ce shériff empathique…Serena, comme pour toi est dans mon panthéon

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  2. belette2911

    Ron, je le suis, et ce roman est en haut de ma pile, mais je ne me dépêche pas trop parce qu’ensuite, je serai au régime « sans Ron » et ça me fait mal aux tripes en pensant au temps que je devrai attendre pour le suivant.

    Serena et Une terre d’ombre étaient des tueries, je te l’avoue ! Serena était une méchante d’une classe au-dessus de tout et dans une terre d’ombre, j’ai aimé les personnages comme si c’était mes amis. Ils me manquent toujours.

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