Arnaldur Indridason poursuit avec Le lagon noir l’exploration de la jeunesse d’Erlendur. Et c’est toujours aussi bien.
Nous sommes à la fin des années 70. Le jeune Erlendur est maintenant inspecteur à la brigade criminelle, sous les ordres de Marion. Ils sont appelés quand le cadavre d’un homme est retrouvé par une baigneuse dans un lagon réputé pour ses vertus médicale. L’homme est visiblement mort à la suite d’une chute d’une grande hauteur, et les responsables sont venus le cacher là. Quand il est identifié, il s’avère qu’il travaillait sur la base américaine voisine. Une base dont la présence en Islande n’est pas appréciée de tout le monde. L’enquête s’annonce d’autant plus difficile que les autorités militaires américaines refusent que la police islandaise vienne poser des questions sur la base.
En parallèle, Erlendur reste intrigué par la disparition, 25 ans plus tôt, d’une jeune fille, sortie un matin de chez elle pour aller à son école, et jamais revue depuis. Avec la permission de Marion il décide de reprendre les recherches sur son temps libre.
Tout ce qu’on aime chez Indridason. Et très mystérieusement, chez Erlendur. Mystérieusement parce qu’on ne peut pas dire qu’il soit très glamour le jeune Erlendur. Comme dit sa chef, il paraît déjà vieux, il est trop sérieux, et il ne s’intéresse qu’à son boulot. Un boulot qu’il fait bien, à sa manière lente, sans un mot plus haut que l’autre, pas rebelle ni borderline (loin de là !) mais, à sa façon à lui, n’en faisant qu’à sa tête et avançant toujours, implacable. Et on l’aime quand même !
Grace à lui, l’auteur met en scène la confrontation entre deux mondes : Une Islande encore pauvre et isolée, très campagnarde, face à l’armée américaine, représentante arrogante de la nation la plus puissante et la plus moderne du monde. Une confrontation où les autochtones, comme dans le reste de l’Europe mais de façon peut-être plus marquée oscillent entre la fascination et la rage et le rejet.
Et surtout, une fois de plus Indridason excelle dans les portraits sensibles de ses personnages secondaires : une jeune fille pleine de vie qui ensoleille son entourage, des hommes brisés par la vie, le froid, la solitude, la folie ou le remords … A chacun il accorde son importance, chacun prend vie et devient un être de chair et d’émotions, un être que nous pouvons comprendre.
On peut regretter qu’Arnaldur Indridason n’ait pas souhaité poursuivre les aventures de son héros si peu charismatique dans l’Islande post-crise. Mais on ne peut que se réjouir de cette plongée dans le passé.
Arnaldur Indridason / Le lagon noir (Kamp Knox, 2014), Métailié/Noir (2016), traduit de l’islandais par Eric Boury.
J’ai aussi repéré des plats islandais pas gouleyants, ce qui ne m’était pas apparu dans les autres? (mais je n’ai pas tout lu)
C’est vrai c’est nouveau. Et vu les descriptions, je crois que je vais plutôt aller visiter la Sicile de Montalbano que l’Islande d’Erlendur !
Oups j’ai prévu d’aller en Islande cet été (mais je ne suis pas contre les essais, j’ai même goûté le lait fermenté de jument en Mongolie; passons brièvement)
Tu nous raconteras ?
Il y a un petit moment que je ne me suis pas replongée dans l’univers d’Indridason. Vais y retourner, tiens !
C’est une bonne occasion, en passant, éventuellement par « Les nuits de Reykjavik » qui le précède et présente les tout débuts d’Erlendur dans la police.
Quelle humanité chez ces personnages, vraiment très bonne lecture
Merci
De rien, Erlendur est vraiment une valeur sure.
Pas la meilleure intrigue de la série mais un livre très intéressant culturelle ment. J’ai ainsi découvert la raie faisandée, l’interdiction de la consommation de bière’ l’occupation américaine,etc.
Et l’écriture est toujours aussi fluide et plaisante à lire. Vivement le prochain Erlandur
pas la meilleure intrigue, je suis d’accord, mais une époque intéressante dont je ne savais rien (rien côté Islande).