700 pages de divertissement signées Nick Stone

Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus de nouvelles de Nick Stone, auteur de l’excellente trilogie consacrée à Max Mingus. Il revient avec un roman complètement différent, Le verdict.

StoneTerry Flint est greffier chez KRP, un gros cabinet d’avocats londonien. Il a coupé les ponts avec sa famille qui vit encore dans un quartier populaire de la capitale. Ainsi qu’avec les souvenirs embrouillés d’une jeunesse qui l’a vu souvent perdre les pédales sous l’emprise de l’alcool. Il est maintenant casé, marié, père de deux enfants.

Sa vie pourrait changer quand sa chef, Janet Randall, le prend comme assistant pour un procès retentissant : l’homme d’affaire Vernon James, très en vue depuis quelques années est accusé du meurtre d’une jeune femme. Toutes les preuves sont contre lui et Janet est en charge de la défense. L’occasion pour Terry de se faire remarquer et la première marche pour devenir avocat. Mais, car il y a un mais, Terry connait bien Vernon, son ami d’enfance et d’adolescence. Et surtout l’homme qui l’a trahi et l’a fait plonger dans l’alcool. Un passé que ses employeurs ignorent complètement.

Ceux qui ont lu les trois premiers romans de Nick Stone, avec leur enracinement dans l’histoire des haïtiens, que ce soit chez eux ou dans la communauté de Miami risquent d’être surpris, et peut-être un peu déçus. Cette toile de fond est ici absente et ce dernier livre est moins dense que les trois premiers.

Par contre quel plaisir de lecture. Nick Stone rentre dans un cadre très anglo-saxon et très codifié : le thriller judiciaire. Et il le fait très bien. Il respecte tous les codes, n’élude aucune scène obligatoire, passe par tous les clichés, fait monter le suspense, et termine sur le point d’orgue attendu : le procès, qu’il mène de main de maître avec ce qu’il faut de tension, de coups de théâtre, et de joutes d’avocats … Je ne lirais pas que ça, mais quand c’est aussi bien mené, c’est une vraie récréation.

Mais alors me direz-vous, pourquoi lire Le verdict plutôt que n’importe quel autre roman de procès ? Et vous aurez raison ! Je ne vais pas rentrer dans de la publicité comparative, juste vous dire que l’auteur a réussi à imprimer sa patte à cet exercice de style.

Grâce à Terry, personnage attachant, qui se débat avec ses problèmes et avec son passé (passé qui sera aussi révélé petit à petit avec une vraie science de l’intrigue), grâce à l’accusé qui est particulièrement antipathique, et qu’on voudrait quand même voir innocenté, vu que l’on suit son équipe de défense, grâce à une réflexion sur la justice, sur le rôle de la défense et celui du jury.

On ne se fait pas secouer comme chez Don Winslow, on n’apprend pas autant de choses que chez Colin Niel, on n’est pas ému comme chez Nicolas Mathieu, mais on passe un très bon moment de lecture, les pages tournent toutes seules, et on n’a pas l’impression d’avoir été pris pour un imbécile. C’est parfois ce que l’on cherche en lisant un polar.

Nick Stone / Le verdict (The verdict, 2014), Série Noire (2018), traduit de l’anglais par Frédéric Hanak.

5 réflexions au sujet de « 700 pages de divertissement signées Nick Stone »

  1. Zorglub

    Westlake a écrit un roman judiciaire, Moi mentir ?, où le richissime accusé se paie un jury virtuel dont les membres ont le même profil sociologique que les vrais jurés, et qui chaque soir de procès, font part à ses avocats de leurs impressions…

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  2. belette2911

    700 pages de plaisir, donc ?? Ça fait toujours plaisir de le savoir 😉 Winslow est en train de me secouer pire que si j’étais sur un cocotier par jour de tempête, pourtant, je m’en doutais, de ces magouilles… mais malgré tout….

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