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Prix Violeta Negra

Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé du prix Violeta Negra, décerné lors du festival Toulouse Polars du Sud et qui récompense un polar écrit dans une langue du sud. Pour être plus clair, pas en français, pas en anglais, pas en scandinave … En général en espagnol ou italien, avec parfois des incursions de grec, ou d’égyptien, ou de …

Tout ça pour dire que la sélection que va lire le jury est tombée.

Avec un espagnol : Toutes les vagues de l’océan de Victor del Arbol.

Un argentin presque espagnol : Le dernier fils de Dieu de Carlos Salem

Un argentin : Puerto Apache de Juan Martini

Un chilien : Tant de chiens de Boris Quercia

Et deux italiens :

Piste noire d’Antonio Manzini

Et La revanche du petit juge de Mimmo Gangemi.

Résultat en octobre prochain. Sachez qu’en 2015 c’est La ballade des misérables d’Aníbal Malvar qui avait gagné le prix.

VictorDelArbol  Salem-Dieu  Martini

Quercia  manzini   Gangemi

Découverte argentine chez Asphalte

Asphalte continue à nous faire découvrir de nouveaux auteurs latino-américains. Le dernier en date : Juan Martini et son Puerto Apache.

MartiniLe Rat n’est rien ni personne. Juste un habitant de Puerto Apache, bidonville du centre ville de Buenos Aires. Juste un rouage de la bande du Pélican, boss de trafics en tous genres. Alors Le Rat ne comprend pas pourquoi ces trois nuls l’ont attaché et sont en train de le tabasser. Eux-mêmes ne semblent pas très bien le savoir. Mais Le Rat est un survivant, il va bien finir par se sortir de ce mauvais pas, et ensuite il cherchera et trouvera qui l’a mis dans une telle merde.

Superbe chronique d’un quartier dont les habitants proclament, en grosses lettres : « Nous sommes un problème du XXI° siècle ».

On pourrait avoir un portrait misérabiliste, une chronique sans tension, ou une peinture trop noire et caricaturale. Rien de tout cela ici.

On a d’abord une vraie histoire, avec des personnages consistants, complexes, qui évoluent en cours de route. Une vraie histoire où les allers retours entre le présent et le passé, remontant à la création de la « villa » sont maîtrisés dans un montage très réussi. Une vraie histoire avec un vrai suspense. Une vraie histoire, certes classique, mais parfaitement racontée.

Et cette histoire dresse effectivement le portrait du bidonville, de ses habitants, de leurs rêves, leurs difficultés, leurs joies, leurs peines, leurs lâchetés, leurs trahisons et leurs gestes héroïques. Des habitants capables de solidarité, de générosité, d’humour, mais aussi des pires saloperies tant il est vrai que la pauvreté et le dénuement peuvent rapprocher, mais rendent souvent méchant et peu regardant sur les moyens de s’en sortir.

Et au travers du portrait de ce bidonville, c’est la ville, le pays, son système économique et politique qui sont dépeints. Ce pays, ses media, et ses politiques corrompus qui ne veulent pas voir que ces habitants sont bien un problème du XXI° siècle.

Vraiment un très bon bouquin, à la fois prenant et profond.

Juan Martini / Puerto Apache (Puerto Apache, 2002), Asphalte (2015), traduit de l’espagnol (Argentine) par Julie Alfonsi et Aurélie Bartolo.